Des instructions allant dans ce sens ont été transmises aux chefs de daïra, directeurs de wilaya et présidents d'Assemblée populaire. A Béjaïa, la bureaucratie a la peau dure. Pour la moindre démarche, on exigera de vous des tonnes de paperasses pour lesquelles il vous faut des heures et des journées de chaînes pour les avoir, sans compter tous les déplacements que cela nécessite. Cette situation, que beaucoup ont assimilée à un «harcèlement pur et dur» ou encore à «un terrorisme administratif», a longtemps contribué au pourrissement des relations entre l'administré et l'administration. Très souvent, des altercations se déclenchent dans les locaux de directeurs, de maires ou dans les salles de service public L'archaïsme de l'administration, sa lourdeur mais aussi et surtout cette façon d'être à cheval sur le moindre détail, phénomène propre aux wilayas de Kabylie, ne pouvaient répondre aux besoins du moment, privilégiant par contre, le favoritisme, le piston et les passe-droits. Une frustration, un mépris et un stress des plus préjudiciables en découlent au quotidien avec tous les risques que cela comporte sur la quiétude sociale. Le wali de Béjaïa semble avoir pris la mesure de la situation et donne l'impression de vouloir saisir le taureau par les cornes. Depuis son installation à la tête de la wilaya de Béjaïa, M.Ali Bedrici s'est déplacé dans les principaux centres urbains de la basse Kabylie. A chaque fois, ses visites ont été ponctuées par des rencontres avec les citoyens. Quoi de mieux que de discuter directement avec les concernés? Ayant écouté attentivement, l'heure des mesures est arrivée. C'est désormais à l'action que l'on assiste. La bataille est engagée contre la bureaucratie. Des instructions allant dans ce sens ont été transmises aux chefs de daïra, directeurs de wilaya et présidents d'assemblée populaire. La première constitue, en fait, une réponse aux doléances des citoyens. «Après voir institué deux journées d'audience par semaine, l'administration doit poursuivre sa démarche d'ouverture vers les citoyens en répondant systématiquement à leurs requêtes», a-t-on estimé dans le document de la wilaya, qui précise qu'«une fois les doléances examinées, il convient de tenir les requérants informés des suites réservées à leurs requêtes». Dans son instruction, le wali de Béjaïa n'a pas omis d'expliquer la portée de cette démarche. «Cette méthode mettra, non seulement fin au sentiment de mépris que ressent le citoyen face au silence opposé à ses démarches» mais exprimera, aussi, le respect dû aux administrés, qui, bien informés, aborderont plus sereinement les différentes situations, est-il écrit. Cet aspect, qui consiste à répondre aux doléances des citoyens dans les plus brefs délais, est désormais «intégré dans le canevas d'inspection dans les différents services de l'Etat», a averti encore le wali. Alors, gare aux récidives! Dans une autre instruction, le premier magistrat de la wilaya s'est intéressé à l'allégement des procédures. Après un constat selon lequel les citoyens peinent souvent à obtenir des documents ou des prestations au niveau des différents services publics, le wali a demandé aux chefs de daïra, directeurs et maires «d'oeuvrer à faciliter la tâche aux citoyens stressés par la complexité des procédures administratives et le parcours pénible imposé». «J'ai décidé de mettre en place un groupe de travail dont la mission sera de dresser un diagnostic de la situation et de proposer des solutions d'allègement des procédures pour les services ayant directement une relation avec le citoyen». Ces deux instructions rendues publiques depuis hier sont-elles un prélude à d'autres mesures salutaires et tout aussi attendues par le citoyen? On est tenté de le croire. Le wali qui avait demandé un délai de grâce pour diagnostiquer la situation, semble avoir fait son constat. Ce qui explique les récentes instructions qui en appellent d'autres à l'avenir pour éradiquer le mal là où il se trouve. C'est du moins l'espoir de tout un chacun.