Plus de 40% des étudiants inscrits cette année sont orientés vers ce système largement décrié. Après avoir achevé les examens de rattrapage qui se sont déroulés durant le mois de septembre dernier, la plupart des établissements universitaires ont annoncé, hier, la nouvelle rentrée universitaire 2008/2009. Cette année 110.167 étudiants sont inscrits, selon les chiffres fournis par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, dont 42,93% sont affectés au système LMD (Licence-Master-Doctorat). Un choix sévèrement critiqué par les enseignants de l'université Youcef Ben Khedda d'Alger connue sous le nom de Fac centrale. «Le système LMD est le pire des systèmes que les réformes ont imposé aux étudiants ainsi qu'aux enseignants. Le système LMD contient des programmes chargés et spécialisés qui empêchent les étudiants d'être polyvalents à la fin de leur cursus», a indiqué Mme Nadia enseignante à l'Institut d'interprétariat, rencontrée devant le bloc du rectorat. Plus loin, le Dr A. Rachid affiche un catégorique rejet de ce système. «De toute façon, je suis contre ce système imposé par les décideurs. C'est une catastrophe qui ne dit pas son nom. La surcharge et la spécialisation affaiblissent le niveau intellectuel de nos universitaires», a-t-il déploré. «Le système LMD est entré en Algérie dans les "bagages" de l'accord d'association avec l'Union européenne en vue de créer une zone de libre-échange», a-t-il ajouté, tout en critiquant la politique du ministre de tutelle. Du côté des étudiants, les discussions tournent encore sur l'Aïd, les habits, les derniers tubes de l'été et autres préoccupations dignes d'intérêt pour les adolescents. Le système LMD est une découverte pour Halim, inscrit en première année de pharmacie: «C'est pour satisfaire ma curiosité que j'ai opté pour ce système», a-t-il déclaré. Autre rencontre, autre son de cloche. Une étudiante souligne que «le nouveau système va nous assister pour décrocher des postes d'emploi à la fin de notre cursus». Myriam a expliqué à ses camarades que le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique va créer des postes d'accompagnateurs lesquels assisteront les étudiants dès leur première année, jusqu'à leur embauche. Quant à Mounir, il s'est retrouvé inscrit dans le système LMD suite au recours qu'il a introduit pour mauvaise orientation. Tandis que Amina, 1re année de médecine, a tout fait pour suivre ses études dans le système classique. «Je ne reproche rien à la formation que mon père et mes deux frères ont reçue au sein de l'université algérienne pour que je change de système aujourd'hui», a-t-elle souligné. «Au lieu d'essayer d'innover des systèmes pour encombrer les étudiants, il faut penser à l'amélioration de leurs conditions de vie», contrecarre Youcef, étudiant en 3e année d'interprétariat. Avant d'entamer l'année universitaire 2008/2009, cet étudiant propose au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique de faire des tournées spontanées à travers les résidences universitaires pour voir «de visu le calvaire qu' endurent les étudiants». Youcef remet en cause «toutes les conditions étaient réunies pour une meilleure prise en charge des étudiants» longuement soutenu par le département de Rachid Harraoubia.