L'ex-stratège de Chelsea et de l'équipe d'Italie répond dans cet entretien à Fifa.com. Quel est le meilleur souvenir de votre carrière? Et le pire? Je commencerai par le pire: mon exclusion des Etats-Unis 1994. Mes meilleurs souvenirs restent ma première Coupe d'Angleterre gagnée avec Chelsea à Wembley et le but victorieux marqué avec l'Italie contre l'Angleterre, toujours à Wembley. Ces deux moments sont les plus beaux de ma carrière. Quand vous étiez petit, pensiez-vous pouvoir devenir l'un des meilleurs footballeurs de votre pays? Pas vraiment, non. J'ai commencé à jouer au football parce que j'adorais ça. J'ai eu la chance de pouvoir apprendre aux côtés de joueurs comme Maradona. A cette époque, mon objectif était de copier leur style et d'essayer d'être aussi efficace qu'eux. Mais ça restait un rêve. Ensuite, j'ai dû énormément travailler et ça a payé. Je pense que son influence a été l'une des clés de ma réussite. Je l'ai toujours admiré, tout en essayant de tirer des enseignements de son jeu et de les intégrer dans le mien. Qu'est-ce que cela fait, de jouer aux côtés de Diego Maradona? Etiez-vous intimidé? Non, pas du tout. C'était un environnement parfait pour moi. J'avais à côté de moi le meilleur joueur du monde. C'était pour moi, une chance incroyable d'être là, à ce moment. Quel est votre meilleur souvenir concernant Maradona? Maradona voulait toujours jouer avec le numéro 10. Avant un match de Coupe d'Italie contre Pise, dans le vestiaire, j'ai pris le numéro 9. Comme d'habitude. Il est venu me voir et m'a donné le maillot floqué du 10. Il m'a dit qu'il tenait absolument à porter le 9 au moins une fois, en hommage à son ami Careca. Bien plus tard, j'ai appris qu'en fait, c'est pour moi qu'il a fait ça. Pour que j'expérimente le numéro 10 sur mes épaules. Cela m'a à la fois beaucoup flatté et donné confiance. C'est le genre de geste qu'on n'oublie pas. Vous avez été l'un des premiers joueurs italiens à vous exiler pour rejoindre un grand club anglais. La présence de Gianluca Vialli à Chelsea a-t-elle été un facteur décisif dans votre choix? Oui, ça a compté. Quand vous jouez à l'étranger, c'est toujours bien d'avoir un compatriote dans votre équipe. Mais le principal facteur a été que Chelsea m'a contacté au bon moment. J'étais prêt à franchir le pas. Dans le vestiaire de Chelsea, il y avait beaucoup de fortes personnalités à l'époque. Qui placeriez-vous au-dessus du lot en la matière, et pour quelle raison? J'ai l'embarras du choix, mais je dirais quand même Dennis Wise. Nous avions beaucoup de joueurs étrangers dans l'équipe, mais le noyau dur, pour ainsi dire, était anglais. Dennis était capitaine, à juste titre. Il avait beaucoup d'influence en tant que joueur et contribuait beaucoup à l'unité du groupe. Vous avez joué en Premier League et en Serie A. Lequel de ces deux championnats avez-vous préféré? C'est très difficile à dire. Dans les années 90, le championnat italien était le meilleur du monde, celui où l'on trouvait pratiquement tous les meilleurs joueurs de la planète. Ensuite, le Calcio a connu quelques problèmes, pas seulement sur le plan financier, mais aussi au niveau de l'esprit du jeu. Quand je suis arrivé à Chelsea, le football anglais était en plein essor. Le championnat s'améliorait de saison en saison, grâce à l'arrivée de nombreux joueurs étrangers. En réalité, il m'est difficile de comparer les deux expériences. Pensez-vous que le fait de jouer en Angleterre a eu une influence directe sur le nombre de vos sélections en équipe d'Italie? Oui. Il est évident que ça ne m'a pas aidé. Mais ce n'est pas grave. Quand j'ai décidé d'aller jouer en Angleterre, j'étais tout à fait conscient que cela me mettrait en porte-à-faux par rapport à la Squadra. Mon équipe nationale, c'était Chelsea. Je ne vais certainement pas me plaindre. Pensez-vous que cela explique votre absence lors de la Coupe du monde de 1998? Je ne sais pas. A cette époque, il y avait beaucoup de concurrence à mon poste, avec des joueurs comme Roberto Baggio, Alessandro Del Piero. Peut-être que ça a joué un rôle, peut-être pas. Qui a été, selon vous, le meilleur joueur italien de votre génération? Il y a pas mal de candidats. Le premier nom qui me vient à l'esprit est Baggio. Mais je dois aussi mentionner Paolo Maldini et Franco Baresi, qui étaient eux aussi de très grands joueurs. Auriez-vous aimé jouer dans l'équipe actuelle de Chelsea? J'aurais aimé jouer dans n'importe quelle équipe qui gagne. Mais j'estime que j'ai eu beaucoup de chance de faire partie du Chelsea de mon époque. Il y avait un état d'esprit fantastique entre nous. Même si nous n'avons jamais gagné le championnat, nous avons toujours pris beaucoup de plaisir à jouer ensemble. Je m'identifie complètement à cette équipe. Pourquoi avez-vous décidé de terminer votre carrière à Cagliari? C'est un rêve que j'avais depuis le début. Après avoir vécu tant d'expériences merveilleuses aux quatre coins du monde, je tenais absolument à terminer ma carrière chez moi, en Sardaigne, pour transmettre quelque chose aux jeunes de là-bas. J'ai refusé beaucoup d'argent ailleurs, pour pouvoir finir ma carrière en Sardaigne. La question est peut-être banale, mais quel est votre but préféré? Le plus spectaculaire a sans doute été le but sur talonnade contre Norwich. J'ai bien aimé aussi celui contre la Juventus, lors de ma dernière saison en Serie A, de la tête et à la dernière minute du match. Je marquais très rarement de la tête. Je ne sais pas pourquoi. (Rires) Qu'attendez-vous de l'Italie de la Coupe du monde de 2010? Pour moi, le football n'est pas seulement une question de résultats. C'est aussi une question de spectacle et de plaisir. C'est même le principal. Si vous arrivez à produire cela, il est très rare que vous n'obteniez pas les résultats qui vont avec. Je suis convaincu que les deux sont étroitement liés. Quelle question avez-vous préférée? Celle concernant mon transfert à Cagliari. Cette décision n'a pas été facile à prendre, mais en même temps, c'est quelque chose que j'ai toujours voulu faire.