Notables et sages collaborent étroitement avec les différents services de l'Etat afin d'atténuer la souffrance des citoyens sinistrés. Ghardaïa garde encore les stigmates de l'inondation du 1er octobre dernier. Le centre-ville de Ghardaïa, près d'une semaine après la catastrophe, présente une image des plus désolantes. Des carcasses de bêtes sont visibles çà et là et gégagent des odeurs nauséabondes. Aux alentours, les commerces les plus proches de l'oued sont encore paralysés et leurs devantures abritées par des arcades servent, la nuit tombée, d'abri aux errants. Des sentinelles en armes surveillent les édifices officiels et autres banques. Non loin de là, la gare routière est comme défigurée par l'onde fougueuse d'octobre. Dans ce point d'impact, il s'agit maintenant de vider les nombreuses caves des locaux commerciaux. Croissant-Rouge, Protection civile, équipés de motopompes s'échinent à s'acquitter de cette mission. Néanmoins et à en croire des sinistrés, l'ampleur des dégâts dans certaines localités est incommensurable, et leur isolement est tel que l'aide n'y parvient que de manière chaotique, essentiellement à El Ghaba, Haï El Bès, Atrouche, Karkoura, Sidi Aâbaz et Baba Saïd. Autant de lieux où le nombre de disparus serait également important. En outre, des écoles primaires, des établissements d'enseignement moyen et lycées, ont dû voire leur mission détournée en cette rentrée scolaire. Ils servent d'abri aux nombreuses familles sans toit et ayant tout perdu. Tel est le cas des écoles Salah Eddine-El Ayoubi, Hadj Salah-Babker, Djaber-Ben Zeid, Mama Simen et du lycée Filali. Et à l'heure où nous mettons sous presse, la ville de Ghardaïa est dépourvue de toute connexion Internet du fait de la destruction du câble de fibre optique. Toutefois, la vie reprend ses droits en différents endroits de la cité. Les secours s'organisent chaque jour davantage et la coordination de ces derniers, bien que parfois entachée de tensions, est désormais palpable. En fait, la structure sociale de cette ville participe grandement au rétablissement de la situation, puisque notables et sages collaborent étroitement avec les différents services et autres auxiliaires de l'Etat afin d'atténuer la souffrance des citoyens sinistrés. El Ghaba, une palmeraie située à quelque trois kilomètres du chef-lieu de wilaya demeure la zone la plus touchée par les crues meurtrières de l'Oued M'zab. «Elle a été totalement engloutie par les eaux, carrément rasée!», témoigne un jeune rescapé. Afin de désenclaver cette ex-oasis, l'ANP a dépêché de Blida, hier, un important matériel lourd, dont des bulldozers et des chargeurs. «Le but est d'assainir intégralement les localités ensevelies», souligne, à ce propos, un officier supérieur relevant du secteur militaire de Ghardaïa. Ce dernier poursuit que pas moins de 200 soldats et 120 éléments de la Gendarmerie nationale s'échinent actuellement à rétablir les voies de communication dans ces régions meurtries, notamment à Hadj Messaoud et aux palmeraies. Notre interlocuteur ajoute que ces efforts obéissent à une étroite collaboration entre l'armée, les présidents des APC et la cellule de crise installée par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Il fait part de l'existence au complexe semi-olympique, d'une boulangerie de campagne qui alimente quotidiennement en pain les habitants. Alors que la commune d'El Atteuf qui fut totalement isolée, est enfin reliée à son environnement par un pont de 200 m érigé grâce à l'intervention de l'armée. Dans ce vaste élan de solidarité, le Croissant-Rouge algérien (CRA) prête main forte aux pouvoirs publics. Ayant établi son quartier général près de la rue Moufdi-Zakaria, non loin de la wilaya, ses membres font preuve d'un dévouement exemplaire. Ils travaillent main dans la main avec des représentants locaux du Croisant-Rouge, qui sont très au fait de la nature et des hommes. Ce qui ne peut que favoriser une distribution équitable des denrées alimentaires, du carburant et autres effets vestimentaires qui parviennent des différentes wilayas du pays, dont Bordj Bou Arréridj, Tizi Ouzou, Alger, Blida, Médéa, Oran et Laghouat. «Les sages sont organisés et participent efficacement au convoyage des différents produits, car ils connaissent la population!» soutient-on. L'acheminement de l'aide a, néanmoins, été émaillé, hier, par une certaine pression, particulièrement à Bouhraoua. L'équipe du Croissant-Rouge a dû ajuster son approche face à cet aléa. Pas moins de dix sites font l'objet, présentement de secours intensifs, fruit d'une collaboration entre le CRA, le ministère de la Santé, celui de la Solidarité nationale, les services de wilaya et la Protection civile. A l'OPS du CRA, M.Nebbache, chef de la cellule de communication, cite l'importance du traumatisme qu'a subi la population sinistrée de Ghardaïa et évoque le précieux apport des secouristes, des psychologues et des spécialistes sur le site de la catastrophe. «L'urgence est passée mais le traumatisme demeure», affirme-t-il. Rappelons qu'à la faveur de la dernière visite du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, Ghardaïa a été décrétée wilaya sinistrée. Alors que le ministre de l'Intérieur, Noureddine Zerhouni, lui avait alloué un budget non plafonné. Notons enfin que la cellule de crise de gestion de la catastrophe a dû, hier, se réunir pendant de longues heures. Elle a eu à superviser l'installation sur les sites sinistrés de hauts cadres de l'Etat. Ces derniers ont été officiellement dépêchés des 48 wilayas du pays. Leur mission est de superviser les secours, «de recenser» et de «prospecter»,a-t-on appris de source proche de la wilaya de Ghardaïa.