Le gouvernement algérien a omis d'instaurer les mesures incitatives nécessaires afin de donner le coup de pouce nécessaire à la généralisation du système LMD. L'Université algérienne est censée produire les élites de demain mais veut-elle cependant le faire à moindre frais? Le montant de la bourse des compétences nationales en gestation s'élève toujours à 2700 DA par trimestre. Autant dire une misère si l'on se réfère à la très sérieuse détérioration du pouvoir d'achat. Quel étudiant aujourd'hui peut se passer de son téléphone portable, de son micro ordinateur, de l'achat d'ouvrages spécialisés indispensables pour mener à bien sa formation et plus tard sa recherche. En l'absence de statistiques sérieuses, le nombre d'étudiants en situation de précarité et par conséquent en situation d'échec potentiel, ne peut se mesurer. On devine, malgré tout, qu'il doit être relativement important. La plupart d'entre eux viennent de familles aux revenus et aux origines modestes. Certaines sources non officielles avancent le chiffre de 60% d'étudiants qui abandonnent leur cursus universitaire. Le système LMD (Licence, Master, Doctorat) auquel un projet de décret exécutif adopté le 1er juillet en conseil de gouvernement, se retrouve-t-il au milieu du gué. Fustigé par les uns et mis sur un piédestal par ses concepteurs qui ont décidé, coûte que coûte, de l'instituer au sein du système universitaire algérien, il se retrouve comme un nageur à une distance de l'autre berge qu'il a toutes les difficultés à atteindre. Mme Rafika Kesri, rectrice de l'université de Boumerdès et présidente de la Conférence des universités du Centre avait affiché son optimisme sur les ondes de la Chaîne III au début du mois de juillet 2008. «Le système LMD qui est entré dans la quatrième année de son application, ne compte pas moins de 150.000 inscrits, ce qui représente 20% de la population estudiantine concernée par cette nouveauté», avait, en l'occurrence, déclaré Mme Kesri. Aucun mot n'a, cependant, été soufflé sur d'éventuelles mesures d'accompagnement à caractère social, qui puissent booster sérieusement le système LMD et faire basculer, définitivement en sa faveur, ceux qui continuent à le décrier. Un semblant de débat avait pourtant donné l'impression de s'instaurer en août 2006 pour améliorer la situation financière des étudiants. «Les bourses universitaires font l'objet d'une étude en cours qui aboutira durant l'année universitaire 2006-2007 à une grande concertation nationale entre les étudiants et les représentants de l'administration, des oeuvres sociales, des services d'hébergement et de restaurant», avait déclaré, à l'époque, Smaïl Balamane, directeur central au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. On avait cru un moment à la tenue d'assises nationales de l'Université algérienne! La fièvre de l'espoir est vite retombée et le «projet» fut étouffé dans l'oeuf. «Le transport estudiantin et l'hébergement (600 DA/an) sont presque gratuits. Le ticket de restaurant, quant à lui, coûte encore 1,20 DA et son impression revient plus cher que le prix du ticket», avait déclaré, lors d'une conférence de presse, en août 2008, Rachid Harraoubia. Le ministre de l'Enseignement supérieur venait de mettre ainsi fin à la rumeur d'augmentation des bourses d'étudiants. L'Etat, à ce qu'il paraît, débourse 185.000 DA par an pour chaque étudiant. L'Etat français qui n'a pas de problème avec le système LMD a pris de nouvelles mesures en matière de bourse pour la rentrée universitaire 2008-2009. Le système d'attribution de bourses a été élargi aux classes moyennes. En bénéficiront les étudiants dont les revenus familiaux sont inférieurs à 21.000 euros au lieu de 19.000 euros/an précédemment, toutes les bourses ont été majorées de 2,5% sur la base de critères sociaux. La reconnaissance du mérite dans les études supérieures a été instaurée, elle est de l'ordre de 1800 euros sur neuf mois. En bénéficient les bacheliers avec «mention très bien» pendant les trois années de licence ainsi que les licenciés pendant leurs deux années de master. Les étudiants algériens, dont les parents ont des revenus modestes, tirent la langue à longueur d'année. L'exemple français, même s'il ne représente pas la panacée, est à méditer sérieusement.