Pourtant, les observateurs estiment que ce système est difficilement applicable en Algérie. «Il existe des diplômes en Algérie qui n'ont aucun sens et qui ne sont pas reconnus dans le monde». Fulgurante déclaration que celle faite, avant-hier, par le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, devant les membres du Conseil de la nation. De par ce discours, le premier responsable du secteur de l'enseignement supérieur vient comme pour reconnaître l'échec de «l'ancien» système d'enseignement appliqué à l'Université algérienne. C'est aussi une façon de défendre le nouveau système, en l'occurrence le LMD (Licence-Master-Doctorat) qui commence à se généraliser à l'ensemble des universités du territoire national. Plus convaincu, Rachid Harraoubia estime que «la majorité des pays dans le monde appliquent ce système d'enseignement supérieur qui place l'étudiant au centre du programme pédagogique». Toutefois, selon les observateurs, ce système, qui est notamment appliqué aux Etats-Unis d'Amérique et certains pays européens, ne peut réussir en Algérie. Et pour cause: la formation des étudiants ne doit pas se faire uniquement à l'université, mais aussi dans les entreprises. Cela, notamment lors de la période des stages pratiques, nécessaires pour l'obtention du diplôme de fin d'études. Mais, en Algérie, les entreprises existantes, aussi bien dans le domaine public, que privé, ne peuvent (faute de moyens?) accueillir les étudiants pendant leur période de stage. C'est aussi dans ce sens que versent les critiques formulées par certains sénateurs. «Le LMD nécessite, notamment un micro-ordinateur par étudiant, des laboratoires et espaces de travaux pratiques, des encadreurs compétents et surtout un cadre d'évaluation et de suivi», a noté le parlementaire Rachid Assasse. Mais tel n'est pas le cas à l'Université algérienne qui, en matière d'enseignements, accuse un déficit énorme. Ce qui n'est pas sans donner un coup fatal au nouveau système mené tambour battant par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recheche scientifique. Même les enseignants étrangers devant donner des cours dans les universités algériennes, appelés pour élever un tant soit peu le niveau de l'enseignement dispensé dans les universités algériennes, ne se bousculent pas au portillon. A ce constat s'ajoute la saignée de la «matière grise» qui ne cesse d'affecter l'enseignement supérieur. Ne tenant pas compte de ces données, le ministre de l'Enseignement supérieur affiche un optimisme outre-mesure. Il affirme, ainsi, que «toutes les conditions sont réunies pour une application efficace du LMD en Algérie». Pour étayer ses propos, le premier responsable du secteur de l'enseignement supérieur cite l'exemple de l'université de Béjaïa qui, «est un modèle en la matière». M.Harraoubia a souligné que le LMD est venu répondre «aux besoins économiques, scientifiques et culturels de la société algérienne et contribuer à la préparation d'une élite nationale». Il a ajouté qu'«il est temps que l'enseignement supérieur national s'adapte aux standards internationaux». Mais cela ne peut se faire sans que l'on ne s'intéresse de plus près aux données fournies par le terrain. Sans cela, le constat fait par Rachid Harraoubia autour des diplômes algériens non reconnus ailleurs, peut se généraliser pour atteindre l'ensemble des titres que l'Université algérienne attribue. N'est-ce d'ailleurs pas le cas aujourd'hui?