«De Guelma à Oran nous sommes assis sur une bombe. Les inondations et le séisme guettent plusieurs régions du pays. Il n'existe aucun moyen de les empêcher ou les prévenir», a affirmé hier, le chef du gouvernement. Les inondations ayant frappé récemment la wilaya de Ghardaïa le confirment: le pays est guetté par de graves et dangereuses catastrophes naturelles. Le péril est tel que l'ensemble du territoire national est menacé. Le constat est alarmiste? Certainement pas, notamment lorsqu'on apprend qu'il «n'existe aucun moyen de les empêcher ou de les prévenir». Le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, qui tient ces propos, est catégorique: «De Guelma à Oran, nous sommes (assis) sur une bombe.» Intervenant hier lors d'une conférence de presse animée, à l'issue du Conseil de gouvernement, M.Ouyahia a mis en exergue la bêtise humaine, notamment à travers la construction dans les zones à risque et l'urbanisme anarchique. Cet état de fait a été déjà constaté à Alger, en 2001, et à Boumerdès, en 2003. «Plusieurs régions sont interdites à la construction, mais les citoyens, en raison de la crise du logement, ne respectent pas les directives», a relevé le chef du gouvernement. La catastrophe survenue récemment dans la wilaya de Ghardaïa n'est donc qu'une nouvelle alerte. Il faut noter que les précipitations qui se sont abattues sur cette wilaya ont provoqué des inondations allant, dans certains endroits, jusqu'à huit (08) mètres de hauteur, dont quatre (04) mètres sont constitués de boue. Revenant sur les indemnisations des familles sinistrées, le conférencier a affirmé que «tous ceux qui disposent d'une assurance catastrophe seront indemnisés jusqu'à 100%». Toutefois, «cela ne signifie pas que ceux qui ne sont pas assurés seront marginalisés. On se penchera plus tard sur leurs cas» a indiqué Ahmed Ouyahia, en regrettant que les Algériens n'ont pas encore la culture d'assurer leurs biens contre d'éventuelles catastrophes naturelles. «L'assurance est devenue une nécessité» insiste le chef du gouvernement qui estime que «les mesures de protection, mises en place jusqu'à présent, s'avèrent insuffisantes». Pis encore: «Nous avons accusé un énorme retard dans ce domaine», reconnaît M.Ouyahia. Se voulant plus pointu, le conférencier a indiqué que les mesures prises dans ce sens depuis le séisme du 21 mai 2003, qui a ébranlé le centre du pays, «n'ont été appliquées qu'à hauteur de 30%». Un taux que d'aucuns qualifient d'infime au vu de l'ampleur des catastrophes qui ne cessent de guetter le pays. Par ailleurs, revenant sur le bilan de ces inondations, le chef du gouvernement a indiqué que «tous les sinistrés seront relogés avant le 31 décembre de l'année en cours». M.Ouyahia a indiqué que 2000 chalets et 700 logements seront mis à la disposition des sinistrés issus des 9 communes de la wilaya de Ghardaïa, déclarées sinistrées, dont Ghardaïa, Grara, Berriane, Daya Bendahoua, Bounoura, El Atteuf, Zelfana, Metlili et Sebseb. Notons, dans cette optique, que le programme de réalisation de 2000 chalets qui seront installés avant la fin de cette année, est déjà lancé. Revenant sur le bilan provisoire de cette catastrophe naturelle ayant ébranlée le M'zab, le chef du gouvernement a indiqué qu'il (le bilan) «s'élève à 34 morts et 89 blessés dont 3 demeurent encore à l'hôpital et un disparu». Ahmed Ouyahia a ajouté que, jusqu'à hier matin, «756 familles sinistrées ont été mises à l'abri, notamment dans des salles de sport, et un recensement est en cours pour déterminer le nombre de familles sans toit». S'agissant maintenant des dégâts matériels, ceux-là sont estimés, selon le chef du gouvernement, à près de cinq (05) milliards de dollars. M.Ouyahia a précisé que 9600 logements ont été expertisés, 600 habitations sont classées à la catégorie rouge, 1250 à l'orange et 8000 autres à la catégorie vert. Concernant les établissements scolaires, le conférencier a souligné que 19 écoles ont été affectées, dont 10 peuvent être rapidement fonctionnelles. «Les écoliers, quant à eux, peuvent reprendre le chemin de l'école dès samedi prochain», a affirmé le chef du gouvernement. Ce dernier a, en outre, réitéré que l'Etat prend en charge tous les sinistrés, en dégageant notamment une enveloppe budgétaire de 20 milliards de dinars. M.Ouyahia a précisé, en ce sens, que «ce budget existe déjà, du fait que chaque secteur dispose d'un budget de pas moins de 50 milliards de dinars. Donc, chaque secteur se penchera sur les dégâts dont la réparation relève de son ressort et dégage l'enveloppe financière nécessaire». Par ailleurs, pour les artisans, commerçants et opérateurs économiques, des mesures légales d'aide fiscale sont arrêtées à l'issue du Conseil de gouvernement. Ces mesures portent sur le report, jusqu'à juin 2009, des déclarations fiscales, la réduction de l'impôt par révision de la base taxable de l'impôt forfaitaire unique (IFU) au bénéfice des artisans et petits métiers, la réduction de l'impôt par la révision de la base taxable de l'impôt sur le revenu global (IRG), et de l'impôt sur les bénéfices (IBS) et de la taxe sur l'activité professionnelle (TAP). Des mesures qui contribueront sans coup férir à alléger les pertes occasionnées par une catastrophe naturelle imprévisible.