C'est dans les affaires de trafic de drogue qu'il faudra chercher les raisons de ce redéploiement. Le Royaume chérifien renforce son dispositif sécuritaire au niveau de sa frontière avec l'Algérie. Selon le journal électronique marocain, Hespress, qui a rapporté l'information, ce redéploiement des unités de la gendarmerie est effectué dans le but d'endiguer le passage des groupes terroristes de l'Algérie vers le Maroc. Un fait qui s'est accentué ces derniers temps «à cause du laisser-aller constaté chez les principaux responsables de la Gendarmerie marocaine». Ce qui a poussé le souverain chérifien Mohammed VI à nommer le colonel Benbachir à la tête de la gendarmerie royale marocaine à Oujda, à la place du colonel Akaâboun qui aurait été relevé de ses fonctions «en raison de ses liens avec des contrebandiers au niveau de la frontière». Des sources médiatiques marocaines indiquent que, dans cette affaire, «24 gendarmes ont été arrêtés, dont un était en possession d'un montant de trois milliards de dirhams provenant du trafic transfrontalier de stupéfiants vers l'Algérie». C'est, en effet, là qu'il faudra chercher les causes du redéploiement de la gendarmerie royale marocaine au niveau de la frontière avec l'Algérie, et ce n'est pas pour faire obstacle aux groupes terroristes qui tentent de traverser la frontière algéro-marocaine, comme l'atteste la version officielle marocaine. D'autant que les responsables de la gendarmerie marocaine ont été démis de leurs fonctions pour trafic de drogue. Il faut dire que l'Algérie pâtit incontestablement des quantités de drogue et autres produits prohibés en provenance du Royaume chérifien. Notons, en ce sens, que le Maroc produit annuellement plus de 47.000 tonnes de cannabis brut. Le rapport de l'année 2005 de l'Onudc (Office des Nations unies contre la drogue et le crime) sur la drogue dans le monde, le classe comme l'un des principaux producteurs de la résine de cannabis, devant le Pakistan et l'Afghanistan. Déjà, ces trois pays, à eux seuls, fournissent plus des deux tiers de la résine de cannabis. Des quantités importantes de cette drogue transitent par l'Algérie pour alimenter les autres pays des deux rives de la Méditerranée. C'est justement pour mettre le holà à ce genre de «commerce» que la Gendarmerie algérienne a renforcé ses troupes à la frontière ouest du pays. Plusieurs postes de contrôle ultrasophistiqués ont été récemment inaugurés par le commandant de la Gendarmerie algérienne, le général-major Ahmed Bousteila, après la visite d'inspection effectuée à Maghnia, ville frontalière face à Oujda, au Maroc. Ces nouvelles mesures sont, en effet, susceptibles d'endiguer, un tant soit peu, non seulement le transit de la drogue mais encore de tous les trafics, dont celui du carburant.