Les scandales liés au trafic de drogue dans lesquels sont impliqués des officiers supérieurs de l'Armée marocaine ainsi que la réussite de groupes terroristes islamistes à infiltrer les services de sécurité de Sa Majesté contraignent, selon toute vraisemblance, Mohammed VI à y opérer certains changements. C'est ainsi que deux années seulement après leur apparition pour lutter contre la prolifération de la délinquance et le grand banditisme dans les grandes villes marocaines, les Groupements urbains de la sûreté, appelés communément les GUS, ont été dissous suite à une décision émanant du roi. En plus d'être soupçonnés de complicité avec les réseaux de trafic de drogue, les GUS sont mis en cause dans plusieurs affaires liées à l'abus de pouvoir contre des civils. Les rapports des ONG internationales des droits de l'homme n'ont cessé, ces dernières années, de montrer du doigt les services de sécurité marocains quant à leur maltraitance des populations. Cette décision de démanteler ces unités spéciales a été annoncée hier par la direction générale de la police marocaine. Si le roi du Maroc veut par cette décision atténuer les pressions des ONG internationales par rapport à la question des droits de l'homme et sauver l'image du royaume chérifien en matière de lutte contre le terrorisme, nombre d'observateurs y voient « un échec d'une police de proximité ». Déjà, avant le démantèlement de ces unités spéciales, il y a eu en septembre dernier le limogeage de Hamidou Laanigri (fondateur des GUS) de la direction générale de la police marocaine. Les éléments exerçant dans ces unités rejoindront les autres services de sécurité, précise le communiqué de la direction générale de la police marocaine, repris par l'APS. Le redéploiement des membres des ex-GUS a été décidé, ajoute la même source, pour « intensifier la lutte contre le crime sous toutes ses formes ». Les spécialises du dossier n'hésitent pas à indiquer que les GUS ont mal accompli la mission qui leur a été assignée et ont fini par être détestés par les populations des grandes villes, en raison de leur agressivité excessive. Cette agressivité a été démontrée à plusieurs reprises. Le dernier acte condamnable commis par les GUS remonte à début 2006, où des éléments de ces groupements ont assassiné froidement deux citoyens de Sale, ville jumelle de Rabat. Suite à ce crime, plusieurs ONG marocaines des droits de l'homme, dont l'AMDH et le Forum Vérité et Justice, ont élevé la voix, dénonçant les multiples dépassements des éléments relevant de ces unités spéciales. Ces mêmes ONG ont parlé même d'actes de torture de personnes arrêtées, soupçonnées dans les commissariats des GUS. Cette désormais ex-police urbaine de proximité avait d'abord été installée à Rabat, Casablanca et Marrakech, des villes réputées pour leur insécurité, mais surtout par le nombre incroyable de crimes crapuleux et assassinats qui, parfois, sont d'une rare violence. Selon des statistiques de la direction générale de la police marocaine, il y a environ 147 392 crimes et délits chaque année au Maroc, une moyenne d'autant plus inquiétante que dans certaines villes règne une insécurité chronique, notamment dans les quartiers populaires de Casablanca, Fès, Agadir ou Taroudant. Dans les grandes villes marocaines, des crimes sont commis chaque jour, la plupart dans des conditions atroces. Le dernier en date remonte au mois de septembre lorsque deux diplomates de la délégation de la Commission européenne à Rabat ont été assassinés à l'arme blanche dans leur maison. L'avènement des GUS n'a pas aidé à l'amélioration des conditions de sécurité au royaume chérifien. Selon le journal Le Reporter, cette police est détestée par les Marocains pour la simple raison que ceux-ci ont constaté qu'elle surveille le citoyen plutôt qu'elle ne le sert. Elle le réprime.