Le président du club bordjien estime qu'on a bloqué les comptes de ce dernier au mauvais moment. «La situation du club est devenue ingérable. Le CABBA est criblé de dettes et l'on vient de fermer les comptes juste au moment où une subvention de 20 millions de dinars vient d'être octroyée. On ne peut répondre ni à la gestion courante de l'équipe, ni satisfaire les joueurs, encore moins tracer un objectif pour l'équipe dont la position de lanterne rouge est plus que préoccupante.» C'est là un tableau noir que vient de dresser Salah Bouda, le président du club de football phare de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, lui qui a fait face à des situations semblables, mais pas aussi tendues. Au point même de ne pas trouver de solutions à une crise liée aux caisses vides du club. «Bien sûr, le CABBA est en danger. Comme chaque saison, il joue pour le maintien. Mais cette fois-ci, nous sommes harcelés de partout, notamment par les créanciers et une partie des joueurs qui réclament leur dû» a-t-il dit, indiquant que «le Comité directeur pourrait ne pas résister à des tensions, venues de plusieurs fronts».Dans cet entretien, le président bordjien revient sur ce début catastrophique de son équipe et s'est dit piégé par des promesses non tenues. L'Expression: On vient de bloquer les comptes du club au moment où vous espériez dégeler la situation avec les joueurs. C'est là une situation inattendue pour vous. S. Bouda: Je ne m'attendais pas à ce genre de situation, juste au moment où l'on commençait à régler des problèmes liés aux joueurs. Cette bouffée d'oxygène de 20 millions de dinars des autorités allait nous permettre de passer à une autre étape, celle consistant à mobiliser les joueurs et le staff technique pour les deux prochaines rencontres de l'équipe à domicile face au MCA et à la JSK, si ce second match qui est en retard est programmé à ce moment-là par la Ligue nationale. Que voulez qu'on fasse ou qu'on dise, après ce blocage? J'avais, moi-même, fermé les comptes du CABBA par le passé, mais toujours après avoir négocié avec les dirigeants qui se sont succédé à la tête du club. Je leur laissais, constamment, le temps de respirer. J'ai même attendu, depuis 1998, le paiement de certaines dettes. Je ne suis pas contre les personnes qui réclament leur dû mais cela ne doit pas se faire au détriment de l'équipe. Mais, dépassons ce problème. Il sera réglé, je l'espère, par le dialogue. La situation du club au classement n'est tout de même pas liée uniquement aux caisses qui sont vides. L'équipe n'arrive pas à décoller. Où se situe le problème? Comme d'habitude, l'équipe a pris un mauvais départ bien que toutes les précautions aient été envisagées pour éviter qu'un tel scénario ne se produise. C'est ainsi que l'équipe est allée en stage en Tunisie et a été dirigée par un entraîneur, Bouarrata, connu pour ses compétences. Cela n'a malheureusement pas marché, un point c'est tout.De toute façon, la gestion du club est devenue insurmontable. Tout président d'un club vous dira que lorsqu'on a les mains vides, on ne récolte rien du tout. Sans argent disponible, on est forcé au bricolage, et ce, même si on racle sur ses propres fonds. Que pouvez-vous nous dire sur cette histoire du RC Kouba? Vous croyez que mon opinion a une importance aux yeux des responsables de la FAF? Vous rigolez, je l'espère. La majorité des présidents de la division 1 sait que le RCK était dans son droit. Il fallait traiter, au départ, ce problème avec courage, lucidité mais surtout ne pas tomber dans le piège de la pression des antagonistes liés à cette affaire. Maintenant, l'erreur est commise et c'est même devenu un cas où l'orgueil de certains responsables, censés dépassionner cette affaire, en a fait un feuilleton à rebondissements nuisible au football algérien. On parle même d'un championnat à 17 clubs, voire d'une saison blanche. Que pensez-vous? Que l'on crée un championnat à 17 clubs et on deviendra la risée au niveau international. On nous citera en exemple. On dira de nous: voila un pays qui a fait peur aux nations africaines et même européennes et voilà comment on peut détruire une discipline, par le bricolage de haute voltige par la fuite de responsabilité à tous les niveaux. Un championnat à blanc, je l'avais proposé au départ de la saison. Certains présidents de grandes équipes avaient accepté cette idée bien qu'ils jouaient les premiers rôles dans la compétition. Cette idée est, aujourd'hui, révolue et personne ne l'acceptera sauf si, bien sûr, la Fédération prend en charge toutes nos dépenses engagées depuis le début de la saison. Je suis sûr, alors, que plusieurs équipes diraient oui. Mais vous, les présidents, vous êtes tenus de dire votre opinion. Vous êtes concernés par la décision de la FAF. Est-ce-que vous redoutez quelque chose? Que voulez qu'on redoute après cette histoire? Un championnat à 17 clubs? On a pris l'habitude de ce genre d'histoires. L'essentiel est de préserver les intérêts de l'équipe nationale et ceux du football national. Par contre, notre championnat a connu, depuis 1962, toutes sortes d'aventures. Nous devons probablement être le seul pays au monde à avoir connu autant de reformes. Il y a toujours du nouveau chez nous. Préconiseriez-vous la formation d'un collège des présidents de clubs? Il faut d'abord commencer par les stabiliser, eux aussi. Chaque saison, il y a des présidents qui ne terminent pas leur mandat même s'ils sont élus pour quatre ans. Dans ma longue carrière, je crois que j'ai pu résister quatre ans. Ceux qui ont dépassé les cinq ou six ans, il faut vraiment les saluer bien bas. Oui, j'aimerais que les présidents de clubs s'organisent entre eux, et que les entraîneurs trouvent une forme d'organisation efficace. Et s'agissant du RCK que pouvez-vous dire? Qu'il soit le bienvenu en division1 si on venait à prendre une telle décision en sa faveur. Il faut que les autorités du pays se penchent sur la gestion du football et que ce feuilleton de mauvais goût se termine.