L'établissement Maison de la presse est en cessation de paiement. Le cri d'alarme vient d'être (re)lancé par son directeur, M. Djoudi. Les dettes s'élèvent à plus de 58,3 millions de dinars, représentant un passif de 16 ans, selon le premier responsable. La Cnas, indique le directeur, lui réclame plus de 29,2 millions de dinars, Sonelgaz 13,3 millions de dinars, la Seeal 3,1 millions de dinars, les impôts 3,2 millions de dinars, les services des Domaines 2,8 millions de dinars, en ajoutant, précise-t-il, les dettes d'investissement (6,4 millions de dinars). Les menaces de coupures d'eau et d'électricité sont à chaque fois « temporisées », grâce à des interventions personnelles des ministres en place. De ce fait, M. Djoudi demande à la tutelle, le ministère de la Communication, de prendre des « mesures d'urgence » pour redresser la situation financière de l'entreprise et surtout mettre un terme à « l'accumulation scandaleuse » des dettes afin « de sortir de cette situation délicate ». Le directeur a fait des propositions de solution à tous les ministres qui se sont succédé depuis 1998 à la tête du département de la communication et même à la chefferie du gouvernement, du temps d'Ahmed Ouyahia. La direction propose trois mesures : l'apurement des dettes, la révision des loyers avec paiement des charges par les locataires et l'augmentation de la subvention annuelle (5 millions de dinars actuellement). « Les dettes doivent d'être assainies par les pouvoirs publics », estime M. Djoudi. Ce dernier révèle que la Maison de la presse a été créée en août 1990, par décret, avec un statut d'établissement public à caractère industriel et commercial, sans capital social. Son budget est constitué des montants du produit des loyers, des charges locatives, des subventions de l'Etat et des collectivités locales, des dons et legs. En juin 1995, le ministère de la Communication a pris la mesure d'exonérer les éditeurs des loyers, depuis la création des titres (1990) jusqu'au 31 décembre 1995. La décision a été entérinée par le conseil d'administration le 1er juillet 1995. Le même conseil, indique-t-on, a décidé que « les charges locatives payées à cette date sont considérées comme paiement de loyers anticipés » et que le manque à gagner sera pris en charge par les pouvoirs publics. L'exercice 1996 a été ainsi entamé avec un déficit de 25,5 millions de dinars, résultant de l'application de l'exonération. Ce « manque à gagner » n'a pas été réglé à ce jour, note M. Djoudi. La deuxième proposition concerne, selon le directeur, la « révision du loyer à 100% ». « Nous demandons, lance-t-il, l'application des règles du marché concernant le loyer avec le règlement des charges (eau, électricité...) par les locataires eux-mêmes. S'il y a des journaux qui ont démarré avec un ordinateur, aujourd'hui ils sont devenus des institutions. Les éditeurs se disent prêts à jouer le jeu. » La principale source de revenu de l'établissement est les loyers. La location est calculée sur la base de 48 DA/m2. Un prix symbolique fixé depuis mai 1995, estime le directeur. « Les créances non recouvrables sur les titres disparus s'élèvent à plus de 16,6 millions de dinars. Les arriérés de loyer sont actuellement de 7,82 millions de dinars. De plus en plus, des locataires se sentent dispensés de leurs obligations contractuelles », enchaîne-t-il. Concernant l'augmentation de la subvention, la direction propose trois variantes : 20, 30 ou 40 millions de dinars, au lieu des 5 millions octroyés jusque-là. Il explique : « Entre 1990 et 2005, la masse salariale a évolué de 333%, les charges sociales de 622%, les charges fiscales de 4936%, la consommation d'énergie électrique de 4652%, l'eau de 211%. En 2006, nous continuons à subsister avec un budget qui ne représente que le quart des dépenses. » La direction compte cependant beaucoup sur la « nouvelle stratégie » de l'actuel ministre de la Communication afin de sortir de cette situation « ingérable ».