Sans surprise, les députés se sont alignés sur les thèses du gouvernement. Les représentant du peuple ont fait faux bond. Comme à leur habitude. Sur les 389 députés de la chambre basse, seuls 114 se sont inscrits au débat sur le projet de loi de finances 2009. C'est du moins le chiffre qui apparaît sur le tableau affiché dans le hall de l'hémicycle. La première séance n'a pas drainé de monde. Les représentants du peuple, en congé prolongé depuis près de cinq mois, ont décidé de prolonger leur repos jusqu'à nouvel ordre. «Peut-être se réservent-ils à la révision de la Constitution», ironise un confrère. Tout compte fait, le ministre des Finances, Karim Djoudi, accompagné des membres du gouvernement, MM.Amar Tou des Transports, Mohamed Khodri, chargé des Relations avec le Parlement, n'a pas rencontré d'opposition. Dans son compte rendu sur le projet de loi, Karim Djoudi s'est longuement attardé sur l'effort budgétaire consenti par le gouvernement pour impulser l'économie nationale et les mesures entreprises en direction de la classe moyenne. Il citera dans ce contexte, les 97 milliards de DA alloués au dispositif de soutien à l'emploi, 171 milliards de DA consacrés aux retraites des Moudjahidine, 17, 4 milliards au titre de subvention pour la facture de l'eau, les 27 milliards destinés aux élèves démunis et enfin 20 milliards pour la subvention du blé et du lait. Profitant de l'embellie financière que connaît le pays, grâce bien évidemment à la fiscalité pétrolière, le gouvernement a renforcé le budget de l'investissement en l'augmentant de 12% en comparaison de celui de l'année 2009. Il atteint ainsi 2136 milliards de DA, affirme le ministre. Dans son intervention, le rapporteur de la commission des finances a donné un bref aperçu de la position de la première chambre parlementaire. Et sur ce plan, l'on constatera un alignement, sans surprise, des députés aux thèses gouvernementales. Aucun amendement sérieux n'a été formulé dans le rapport préliminaire, excepté quelques suggestions faites sur la forme et non sur le fond de la loi. Le Rassemblement national démocratique, dont le secrétaire général dirige le gouvernement, a salué «les efforts des autorités publiques», par la voie notamment de son représentant, Ahmed Maouche. «La volonté du gouvernement, a-t-il affirmé dans son intervention, pour la concrétisation du programme du président de la République est sans ambages. Cela est ressenti, notamment à travers l'engagement financier important qui sera débloqué en faveur de cette loi.» M.Maouche ne manquera pas d'appuyer les «corrections» apportées au secteur des investissements visant à «sortir le secteur d'une très longue léthargie.» L'embellie financière exige, selon les députés, une plus grande «rationalisation» des dépenses, sachant que la rente pétrolière risque de faire défaut, conséquence de la crise financière frappant de plein fouet le marché international. «Les réserves de change dont dispose actuellement l'Algérie couvrent ses importations en nette croissance pendant trois ans uniquement», avertit Maouche. Abondant dans le même sens, Si Affif, député FLN, met en garde contre un éventuel déficit du Trésor à cause du séisme financier mondial. «Le marché algérien va importer la crise à travers l'inflation des prix des produits de large consommation ainsi que des matières premières. Si nos banques sont certes immunisées, il n'en est pas de même pour nos importations.» Glissant sur une question sujet à polémique, celle de la taxe sur les véhicules neufs, Si Affif précisera que l'Etat n'a pas besoin de puiser dans la poche des citoyens pour financer ses projets, battant en brèche les arguments du gouvernement. L'intervenant soutient que la taxe telle qu'elle est stipulée dans la loi de finances complémentaire de 2008 pénalise la classe moyenne: «C'est une illégalité flagrante envers les petites bourses.» Il proposera un amendement visant à revoir son taux à 1% du prix du véhicule.