Le RCD accuse. Le FLN et le RND ripostent. Les débats ont pris une tournure houleuse. La dernière séance en plénière à l'APN consacrée aux débats sur le projet de loi de finances 2009 a dérogé à la règle. Les députés ont décidé de laisser de côté le document du ministre des Finances, Karim Djoudi, pour se lancer dans des débats politiciens. Nourredine Aït Hamouda, député du RCD, ouvre le bal en évoquant les faux moudjahidine, les fausses promesses et les faux chiffres du gouvernement. Il exhibe un document, signé, d'après lui, par le ministère de la Défense française selon lequel on décerne la Légion d'honneur à une personnalité algérienne qui touche la pension des moudjahidine. «Si je révèle le nom, la salle va s'évanouir», a-t-il souligné. Le député ne révélera pas l'identité de ce «faux moudjahid» ni en public ni dans les coulisses, mais continue sur sa lancée pour dénoncer «le crime» commis contre Si Lehouas et Amirouche, les promesses non réalisées du gouvernement, notamment le projet du million de logements, la résorption du chômage, la paix et la sécurité sociale. «Au RCD l'on se demande si le peuple dont plus de la moitié vit au-dessous du seuil de pauvreté, a besoin d'une grande mosquée qui coûtera 4 milliards de dollars.» Estimant son parti visé par les accusations d'«ennemi interne» prônées par Abdelaziz Ziari, président de l'APN, M.Aït Hamouda rétorquera que le véritable ennemi interne de l'Algérie est «la corruption, la falsification des chiffres». L'intervention du député du RCD a provoqué l'ire des autres formations, principalement le RND et le FLN. Un brouhaha indescriptible s'est emparé de la salle. La situation a exigé l'intervention du président de l'Assemblée qui a failli perdre le contrôle: «Chacun assume sa responsabilité politique et ses propos. Les députés ont le droit de s'exprimer dans les limites des conditions fixées par le règlement intérieur. En ma qualité de président de l'APN, j'ai la prérogative d'interrompre l'intervention quand elle outrepasse les règles. Mais je ne souhaiterais pas le faire.» Si Abdelaziz Ziari a été tenu par l'obligation de réserve, ce n'est pas le cas des députés. Chihab Seddik, du Rassemblement national démocratique, avertit en des termes très sévères: «Ce sont les partisans du colonialisme positif qui développent ce genre de discours qui vise à semer le doute sur notre passé colonial», a-t-il lancé en réplique à l'intervention de Aït Hamouda. Le vice-président de la chambre basse ne s'arrêtera pas à ce stade. Il estime que l'ennemi numéro un de l'Algérie c'est justement ce discours politicien tenu par le RCD. «Le peuple algérien est piégé, a-t-il souligné, entre les partisans de la rente éternelle et l'opposition éternelle et gâtée qui se nourrit de la rente.» L'Algérie, selon lui, gagnerait à prendre exemple des grandes démocraties, américaine notamment où la classe politique, toutes tendances confondues, se serre les coudes dans des moments de crise, au lieu de nourrir le doute et la panique. Si le RND reconnaît que des lacunes existent, notamment dans la mise en oeuvre du programme présidentiel, il défendra, tout de même, que des choses positives ont été réalisées: «La paix constitue le plus importants défi gagné par le pays durant cette dernière décennie.» Prenant le relais, les députés FLN ont demandé l'ouverture d'une enquête sur les propos de Aït Hamouda, tout en accusant le RCD «de financer la campagne d'évangélisation après l'échec cuisant qu'il a encaissé en tentant d'introduire la laïcité dans les pratiques politiques algériennes».