Les jours de Fathallah Sijilmassi, à la tête de l'ambassade du Maroc en France, sont-ils comptés? Après les révélations de Bakchich Info, répercutées par L'Expression (voir l'édition du 6 octobre), l'ambassade du Maroc en France fait l'objet d'une enquête. Les jours de Fathallah Sijilmassi, à la tête de l'ambassade du Maroc en France, sont-ils comptés? Il avait, par des courriers qui devaient rester confidentiels, instruit les consuls généraux du Royaume chérifien de faire tout ce qui était possible pour rallier les députés et les sénateurs français au projet d'autonomie marocain. Mentor de cette opération qui a fini par sentir la manipulation, le diplomate marocain ne s'est, en toute apparence, pas entouré de toutes les précautions pour mener à bien la sournoise initiative. Des fuites se sont produites. Qui a trahi l'ambassadeur du Maroc? Une enquête interne a été ouverte pour démasquer le ou les traîtres. L'ambassade est sens dessus dessous. «C'est le souk à l'ambassade», nous fait savoir Bakchich Info. En plus de cette affaire qui risque de ternir l'image de la diplomatie marocaine, qui use de tous les subterfuges pour promouvoir son plan d'autonomie, le Royaume chérifien doit faire face aux progressistes marocains qui commencent à donner sérieusement de la voix. C'est le cas du parti de gauche, Annahdj Addimocrati. Lors du dernier congrès de cette formation politique, son secrétaire général a lu un message du président de la Rasd adressé au peuple marocain afin de le sensibiliser à la cause sahraouie. Une brèche vient, ainsi, d'être ouverte dans la classe politique marocaine. Le consensus autour du projet d'autonomie marocain, qui n'est en fait qu'une tentative d'annexion du Sahara occidental, est loin d'être scellé, comme n'arrête pas de le marteler une certaine presse à la botte du Makhzen. Elle est plus que jamais, et aujourd'hui plus qu'hier, en proie à la panique. Les autorités marocaines font sortir du bois leurs ralliés, une armée de supplétifs qui ne fait qu'annoncer d'autres succès aussi retentissants les uns que les autres du Front Polisario, à l'instar du départ demandé et obtenu de l'envoyé spécial de l'ONU, Peter Van Walsum. La diplomatie sahraouie devient redoutable. Annahdj Addimocrati, qui soutient le peuple sahraoui dans sa quête de liberté et d'indépendance, est devenu le parti à abattre au Maroc. Mohamed Ahmed Bahi, membre du conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes, revendique la dissolution de ce parti progressiste. «J'appelle le Premier ministre à dissoudre Annahdj», a déclaré ce dernier dans les colonnes d'Aujourd'hui le Maroc. «La position du parti Annahdj constitue une haute trahison envers la patrie. C'est un crime qui ne saurait rester impuni. Je demande à tous les acteurs de la société civile, à tous les dirigeants des partis politiques de porter plainte devant la justice pour obtenir la dissolution de ce parti», a ajouté ce dernier. La rage des courtisans de la Cour marocaine ne s'arrête, cependant, pas là, elle n'est pas circonscrite ni soumise à un débat qui permet la confrontation des idées. Dès que l'édifice du projet d'autonomie marocain est pris de soubresauts, on voit la main du Polisario et de l'Algérie. «Le parti Annahdj représente la cinquième colonne pour les services de renseignements algériens et ceux du Polisario. Ce sont ces services, avec les associations européennes connues depuis trente ans pour leur sympathie avec la thèse séparatiste, qui se chargent du financement des activités du parti Annahdj...», accuse le suppôt du trône alaouite. Nous pensions que les fantasmes pouvaient atteindre un certain degré, certes, mais de là à penser que cela se transformerait en paranoïa, il n'y avait qu'un pas qu'il fallait franchir. S'il existe des taupes à débusquer, il vaut mieux regarder du côté de la capitale française. A l'intérieur et dans l'enceinte de l'ambassade du Maroc. Fathallah Sijilmassi le sait, comme il sait qu'il est sur la sellette. On lui prête, cependant, des protections à un haut niveau. Son épouse ne serait que la cousine de Taïeb Fassi Fihri, le ministre des Affaires étrangères du Maroc. Une affaire qui relève de la diplomatie pure.