C'est le très sérieux Bakchich Info qui a dévoilé le pot aux roses. Des courriers confidentiels, rédigés par l'ambassadeur du Maroc en France, adressés aux consuls généraux du Royaume pressent ces derniers à rallier les députés et sénateurs français au projet d'autonomie marocain. C'est le très sérieux Bakchich Info qui a dévoilé le pot aux roses. L'initiative de Fathallah Sijil-Massi, a trouvé quelques mois plus tard, deux oreilles attentives. Jean Rotta, député UMP de Marseille et président du groupe d'amitié France-Maroc nation et Paulette Brisepierre, sénatrice de la même formation politique qui préside le groupe d'amitié France-Maroc du Sénat. «Vous trouverez en pièce ci-jointe, une note explicative de la démarche marocaine qui, je l'espère, recueillera votre assentiment. Vous pouvez témoigner de votre soutien à cette proposition en retournant le coupon-réponse», écrit Jean Rotta à ses collègues. L'initiative de l'ambassadeur du Maroc visait, en fait, à faire avorter le projet de création d'un «groupe d'étude» sur le Sahara occidental auquel s'était attelé le député communiste de Seine-Maritime, Jean-Paul Lecoq. La seule manière pour faire capoter la naissance d'un pôle favorable au Front Polisario au sein même des institutions françaises restait la manipulation. Un terrain où les services marocains excellent. Ils s'y sentent comme un poisson dans l'eau. Jean Rotta qui, en fait, engageait sa propre crédibilité auprès de collègues de l'Assemblée nationale était-il mis au parfum d'une opération de cette envergure. Un document sonore diffusé sur le site de Bakchich Info laisse penser que la contre-attaque aiguillonnée par l'ambassadeur du Maroc en France était entourée du plus grand secret. Et c'est le parti qui a porté Nicolas Sarkozy au Palais de l'Elysée qui en prend un coup. Les accointances du Makhzen avec la présidence française ne sont plus à démontrer. Jacques Chirac a été un grand ami du défunt souverain marocain, Hassan II. Cela s'est perpétué lorsque le prince héritier Mohammed VI a accédé au trône et l'actuel chef de l'Etat français semble vouloir s'inscrire dans la continuité. Au grand bonheur d'une certaine presse acquise, corps et âme et pieds et poings liés, au pouvoir marocain. Dans son édition du 3 octobre, le quotidien Le Matin se réjouit: «Pas moins de 108 députés français ont apporté leur soutien à l'initiative d'autonomie du Sahara occidental sous souveraineté marocaine...» La belle blague! La belle arnaque! A-t-on déjà vu «des territoires occupés sous souveraineté nationale»? On occupe des territoires par la force sous le joug de la colonisation. On emprisonne, on torture, lorsque l'on n'assassine pas. Voilà ce que vivent les Sahraouis «sous souveraineté marocaine». Le Matin est-il en ce sens un cas d'école dans l'art de la mystification. Un bourbier dans lequel s'enfonce le député Jean Rotta. «Ces députés ont, en leur âme et conscience, décidé de soutenir le projet marocain d'autonomie au Sahara, après avoir constaté que le conflit du Sahara constitue un facteur de blocage dans les relations entre le Maroc et l'Algérie, ainsi que pour la construction maghrébine», a déclaré le président du groupe d'amitié France-Maroc à l'Assemblée, selon le journal marocain. Ce que ne nous dit pas Jean Rotta, c'est que ce sont des députés de cette trempe qui ont, en catimini, voté la loi du 25 février, qui avait pour unique but de glorifier la présence et la colonisation française en Algérie. Les Marocains devront passer par un Ve round de négociations pour faire plier le Polisario. Et là, c'est une autre paire de manches.