Le wali inspecte les infrastructures culturelles et les sites historiques. Le patrimoine archéologique de la wilaya de Béjaïa, en particulier, et la culture en général, sont-ils voués à une mort lente? M.Ali Bedrici, en tous les cas, ne l'entend pas de cette oreille. Le premier responsable de la région, nouvellement installé, a pris son bâton de pèlerin ce week-end et a décidé de mettre les pieds dans le plat, pour tenter de mettre fin à l'agonie d'un secteur de la culture qui dure maintenant depuis plusieurs années. Le dernier en date qui a tenté de redonner ses lettres de noblesse à l'activité culturelle, notamment théâtrale, dans la capitale des Hammadites fut le défunt Azzedine Medjoubi, tombé sous les balles assassines des hordes terroristes juste après sa nomination en tant que directeur du TNA. Le wali de Béjaïa n'a certainement pas cru ses yeux en franchissant le portail d'entrée de la citadelle. En haut fonctionnaire digne de son rang, il n'a montré aucun signe qui puisse trahir un étonnement probablement dissimulé. L'état d'abandon dans lequel se trouve la citadelle de Béjaïa se repère au premier coup d'oeil. Des herbes folles et des arbustes sauvages ont envahi le site, des bâtiments sont en ruine...Les travaux de restauration du site n'ont tout simplement jamais commencé. Aux questionnements du wali, le responsable du bureau d'études chargé du projet a fait valoir la nécessité de procéder au nettoyage, au désherbage ainsi qu'au déblaiement du site. Une entreprise spécialisée devrait lancer l'opération dans les prochains jours l'opération. La bibliothèque de la Casbah a fait l'objet d'une attention particulière. M.Bedrici a décidé de la renforcer en ouvrages. Transformé en annexe de la Bibliothèque nationale, ce lieu est, en réalité, une très belle mosquée qui date du XIe siècle. Ibn Khaldoun y a animé un enseignement d'un très haut niveau (1365). Des étudiants de toutes les contrées du monde musulman bénéficièrent du savoir de notre illustre historien. Transformer ce haut lieu chargé d'histoire en annexe de la Bibliothèque nationale ressemble à une anomalie. Cette initiative qui n'incombe qu'à ses responsables, reste à l'appréciation du public. Le wali, qui a poursuivi son périple à pied et à la tête d'une délégation composée, entre autres, des P/APW et P/APC, du directeur de la culture et du représentant de l'association pour la sauvegarde du patrimoine, n'en sera pas à une surprise près. Place Phillipe, les commerçants ont saisi l'occasion pour relancer la question concernant la reconstruction de l'ex-marché dont les travaux furent stoppés par des découvertes archéologiques. Cet endroit, jadis incontournable pour tisser des alliances, haut lieu de la bouillabaisse, de l'anchois et de la sardine, n'est plus que l'ombre de lui-même, il s'est transformé en dépotoir! M.Bedrici a redonné de l'espoir aux riverains en leur promettant de prendre en charge le problème dans les jours qui viennent. De Bordj Moussa à Bab Elouz, à Bab El Bounoud, un site classé, le premier responsable de la wilaya a pu constater l'étendue de la tâche qui l'attend. Il a écouté toutes les doléances des citoyens, pris note. Des directives fermes seront prises. Le P/APW a assuré M.Bedrici de la disponibilité de l'Assemblée populaire de wilaya pour contribuer à la restauration des sites historiques ainsi qu'à la réhabilitation des lieux répertoriés et classés sensibles. La nature ayant horreur du vide, les responsables locaux vont se substituer à la mission qui aurait dû incomber au département concerné, celui de la culture.