Mugabe et le chef de l'opposition Morgan Tsvangirai se sont séparés, sans résultat, à l'issue de 13 heures de discussions en présence des principaux chefs d'Etat du Sadc. Des chefs d'Etat d'Afrique australe ont échoué lundi à rapprocher les parties en vue de la formation d'un gouvernement d'union nationale au Zimbabwe et tenter ainsi de sauver l'accord sur un partage du pouvoir qui butte depuis six semaines sur la répartition des ministères-clés. Le président Robert Mugabe et le chef de l'opposition Morgan Tsvangirai se sont séparés, à l'issue de 13 heures de discussions en présence des principaux chefs d'Etat de la Communauté de développement de l'Afrique australe (Sadc), avec seulement un accord pour demander la réunion d'un sommet plus large. Après une première tentative avortée le 20 octobre, la Sadc avait enfin réussi à réunir autour de la table des négociations le parti au pouvoir et l'opposition, en présence du président sud-africain, Kgalema Motlanthe - à la tête de la Sadc - ainsi que des membres de la troïka, le chef de l'Etat mozambicain Armando Guebuza et deux ministres du Swaziland et d'Angola. Ceux-ci espéraient convaincre MM.Mugabe et Tsvangirai de s'accorder sur l'attribution des ministères-clés du gouvernement d'union prévu par un accord signé le 15 septembre en vue de sortir le Zimbabwe de la crise politique née de la défaite du régime aux élections générales fin mars. L'accord prévoit que le président Mugabe, 84 ans et au pouvoir depuis l'indépendance en 1980, reste en fonction, tandis que M. Tsvangirai devient Premier ministre. Mais pouvoir et opposition n'ont jamais réussi à s'entendre sur la composition du gouvernement et le président a fini par attribuer le 11 octobre les principaux portefeuilles à son parti, provoquant la colère du Mouvement démocratique pour le Changement (MDC) de M.Tsvangirai. Selon un communiqué publié à l'issue de la réunion, les deux parties s'opposent toujours sur l'attribution du portefeuille de l'Intérieur, qui a l'autorité sur la police. M.Mugabe refuse d'en céder le contrôle, alors que le MDC estime qu'il devrait en hériter après les violences politiques dont ses partisans ont été la cible durant la dernière campagne électorale. Le texte presse les deux parties de «s'engager réellement à trouver une solution durable à l'actuelle impasse» et enjoint les 15 chefs d'Etat de la Sadc de se réunir en «sommet pour examiner plus avant la situation politique actuelle au Zimbabwe de manière urgente». «Le peuple du Zimbabwe fait face à des défis difficiles et des souffrances qui ne pourront être traités qu'une fois le gouvernement d'union en place», souligne le texte. Le Zimbabwe, ancien grenier à blé, est embourbé dans une crise économique sans précédent et l'impatience grandit au sein de la population qui a tenté de manifester à Harare, près de l'hôtel où avaient débuté en fin de matinée les discussions. Huit personnes ont été blessées et une cinquantaine arrêtées à 300 mètres du bâtiment, après que la police eût tiré des gaz lacrymogènes pour disperser une centaine d'étudiants et de militants des droits de l'Homme qui réclamaient la mise en place rapide du futur gouvernement d'union. Un nouveau sommet réunissant l'ensemble de la Sadc pourrait prendre des semaines à organiser et le secrétaire exécutif de l'organisation sous-régionale, Tomaz Salomao a dit ne pas savoir où il pourrait se dérouler. «Le seul point encore non résolu est celui relatif à (l'attribution du ministère de l'Intérieur», a-t-il déclaré à la presse. «Il va y avoir des progrès à ce sujet», a-t-il assuré. Le 20 octobre, une première rencontre initiée par la Sadc avait échoué en l'absence du chef de l'opposition, qui avait boycotté la réunion pour protester contre ses difficultés à obtenir un titre de voyage. Après avoir menacé de s'abstenir à nouveau, Morgan Tsvangirai s'est décidé à venir lundi, tout en soulignant qu'il ne signerait pas un accord au rabais juste pour satisfaire les dirigeants de la région.