Le chef du gouvernement a présidé samedi une réunion avec 20 ministres sur le dossier de l'accession de l'Algérie à l'OMC. L'intervention du ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement, Mahmoud Khodri, a provoqué un tollé au sein de l'Assemblée populaire nationale samedi soir. Prenant la parole au terme des débats sur le projet de loi de finances 2009, ce dernier fut longuement chahuté par l'opposition, représentée par le RCD. Voulant donner une leçon sur les pratiques parlementaires dans les régimes démocratiques, M.Khodri a fini par tomber dans son propre piège. En tentant de répondre, lors de son discours, aux critiques formulées et positions adoptées par la formation de Saïd Sadi, le ministre n'a fait que tendre la perche au RCD, pour mieux revenir à la charge. Il mettra en garde, de prime abord, contre la violence verbale, «celle-là même qui a conduit le pays à la violence physique pendant plus d'une décennie». Abordant la question des faux moudjahidine, Khodri se voulant moralisateur, a appelé au respect de la mémoire des chouhada et des combattants qui ont sacrifié leur vie pour l'indépendance du pays. Sur sa lancée, il démentira le montant de 4 milliards de dollars avancé par Nourredine Aït Hamouda, député RCD. «La mosquée coûtera 1,5 milliard et on paiera plus s'il le faut puisque l'on tient à cette infrastructure», lance-t-il. Il s'interrogera, d'ailleurs, d'un ton ironique, sur la duplicité des députés qui ont voté en septembre, la nouvelle taxe pour les voiture neuves et l'augmentation de leur indemnité avant de se rétracter en octobre en demandant l'abrogation de l'impôt et en rejetant pour certains, à l'image des indépendants, l'augmentation des indemnités. Se sentant directement visés, les députés du groupe parlementaire du RCD protestent en tapant sur les pupitres. «Taisez-vous», lança Abdelaziz Ziari, président de l'APN perdant ainsi son sang-froid et son contrôle, à l'adresse d'un député. Une aubaine pour Saïd Sadi de monter au créneau et dénoncer les «menaces» contre ses militants. Les députés du RCD quittent la salle. «Tous les groupes parlementaires se sont ligués pour attaquer le RCD», affirme dans les coulisses Saïd Sadi. Ce dernier dénonce le comportement de Ziari qui a «interdit à un député du RCD d'intervenir et l'a menacé dans l'exercice de ses fonctions.» Les ministres passent au perchoir Le calme revient dans la salle. Les ministres se sont succédé au perchoir. Tous ont défendu leur bilan. Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, a mis en exergue les progrès réalisés dans son secteur grâce à la politique de relance engagée par l'Etat. Le ministre a indiqué, dans ce sens, que l'Algérie compte actuellement 60 barrages contre 30 durant les années 1990. «Le rapport du Conseil mondial de l'eau a mentionné dans son rapport annuel que l'Algérie est le pays qui a investi le plus dans le secteur des ressources en eau dans le monde», a-t-il souligné. La moyenne de consommation d'eau par Algérien est, poursuit le ministre, de 165 litres/jour, rappelant au passage que l'Etat continue de subventionner le prix de l'eau destinée à la consommation. Pour sa part, le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, a affirmé que la démocratisation et la gratuité de l'éducation en Algérie ne sont pas «un slogan vide de sens, mais une réalité concrète grâce aux efforts de l'Etat qui lui consacre les plus importants budgets». 6,5 milliards de dinars ont été consacrés cette année l'édition de 60 millions de manuels, a-t-il soutenu. Attestant que toutes les fautes contenues dans les manuels scolaires ont été corrigées, Benbouzid assurera, par ailleurs, que la surcharge dans la classe de première année moyenne relèvera du passé dans deux ans. Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Noureddine Moussa, a estimé que le programme lancé par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour la réalisation du million de logements, témoigne de la volonté de l'Etat à résoudre de façon «radicale» le problème du logement en Algérie. Le programme est réalisé à 65%. 750.000 logements inscrits dans cet ambitieux programme ont été réceptionnés jusqu'à présent, a-t-il indiqué. Plus cartésien, Amar Ghoul, ministre des Travaux publics, a rappelé que de grands projets sont en cours de réalisation à travers le territoire national, précisant que l'infrastructure routière compte actuellement 111.000 kilomètres dont 92% sont d'un niveau «passable». Le projet de l'autoroute Est-Ouest qui est, a-t-il dit, le fruit du programme de relance économique initié par le chef de l'Etat, a permis la création de plus de 100.000 emplois dont 4000 au profit d'universitaires. Ce projet sera réceptionné dans sa totalité avant la fin de l'année. Quant au ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, il a indiqué que l'Algérie a investi dans le développement rural à travers, entre autres, la création de 600 projets de proximité au profit de deux millions de familles. Il a rappelé, dans ce sillage, que cette politique vise notamment à la modernisation des régions rurales, la création d'activités au profit des populations y habitant ainsi que la protection des ressources naturelles. Un plan de développement pour Ghardaïa Concernant la Cnma, le ministre a affirmé que son sort est lié aux conclusions de l'administrateur désigné par la Banque d'Algérie. Interpellé quant à l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, a estimé que «la position naturelle de l'Algérie est au sein de cette organisation». «L'OMC n'est pas un club de bandits», s'adressant aux plus perplexes. Il a fait savoir, à cet effet, que le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a présidé samedi une réunion autour de la question de l'accession de l'Algérie à l'OMC avec 20 ministres et plusieurs experts. «L'Algérie va continuer à négocier son adhésion en prenant en compte en premier lieu ses intérêts.» Une enveloppe de 50 milliards de dinars vient d'être allouée par l'Etat pour prévenir les villes contre les inondations liées aux changements climatiques, a annoncé dans la nuit de samedi à dimanche, le ministre des Ressources en eau. Abdelmalek Sellal a affirmé, au terme d'une plénière consacrée à l'examen du projet de loi de finances de l'année 2009, que cette décision intervient suite aux inondations survenues récemment dans la wilaya de Ghardaïa faisant 43 morts et 86 blessés. Il a relevé, par-là même, le lancement d'un projet comprenant la réalisation de trois barrages dans cette wilaya, permettant à la fois de prévenir la région contre des crues et d' y assurer une alimentation régulière en eau. Le coût global de la construction de ces barrages est estimé à 6,5 milliards de dinars, a-t-il précisé. De son côté, le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, a affirmé que les 12.000 élèves issus des zones touchées par les inondations, ont «rejoint les bancs d'écoles et poursuivent une scolarité normale». Le ministre a indiqué que dans un «maximum» de deux mois, 15 à 20 établissements scolaires seront réalisés en préfabriqué dans la wilaya de Ghardaïa, notamment dans les zones sinistrées.1,5 milliard de dinars ont été débloqués par le gouvernement pour la construction d'établissements scolaires en dur. M.Amar Ghoul, ministre des Travaux publics, a rappelé, à cette occasion, que tous les accès endommagés par les inondations ont été rouverts, ajoutant que pour cela son département «a mobilisé une dizaine de maisons cantonnières et engagé le matériel de 12 wilayas avoisinantes». Le ministre des Finances répondra mercredi aux questions des députés avant le vote de la loi de finances, le 23 octobre.