On a tâté le pouls de monsieur Tout-le-monde sur une crise qui n'en finit pas de faire des vagues. Crise financière. C'est là un sujet qui occupe le devant de la scène internationale. Loin des milieux spécialisés en économie, en finance, L'Expression a fait un rapide sondage parmi les citoyens d'Alger pour avoir leur avis sur un événement qui fait courir politiques et spécialistes financiers dans le monde. De la classe défavorisée aux personnes aisées en passant par la classe moyenne, tout un chacun avait sa petite idée, sur une situation qui interpelle fortement les économistes et les financiers. Nous avons posé la question à un boulanger, un chauffeur de taxi, une enseignante, un chômeur et un étudiant. Chacun y va de sa définition d'un événement qui met les nerfs des décideurs du monde à vif. Ils ne sont d'accord que sur une seule chose: il est question de «crise». Ce mot n'annonce certainement pas de bonnes nouvelles. M.Chérif, 39 ans, boulanger: «A chaque fois que je regarde la télévision, j'entends parler de ce problème. Je pense que les USA et l'Europe vont s'effondrer. Ils n'ont pas de pétrole et leur devise va encore chuter. L'euro commence à dégringoler. Cela va permettre, je pense, au dinar de gagner plus de valeur. L'Algérie n'est pas concernée, selon la presse. Elle possède suffisamment de réserves. Cela, même si notre argent se trouve dans les banques américaines.» Toutefois, notons que cet homme curieux n'a pas omis de nous demander de lui expliquer de quoi il s'agit réellement. Nacer, chauffeur de taxi: «Cela fait des années que l'Algérie traverse une série de crises. Moi je suis dans une crise permanente. Cela me suffit largement pour m'occuper de mes problèmes plutôt que de m'intéresser aux affaires qui me dépassent. Je n'ai rien compris et je ne veux rien savoir.» Salim, 28 ans, vendeur de cigarettes: «Je ne suis même pas au courant de ce dont vous parlez. Ce monde, moi je n'y vis pas. Il est préférable pour vous de poser la question à quelqu'un d'autre.» Rachid, 22 ans, étudiant: «Je ne suis pas un expert en la matière, mais je vais essayer de l'expliquer tel que je l'ai comprise. Il s'agit de la chute inattendue des actions dans les Bourses internationales. Cette baisse continue de jour en jour. Les grandes entreprises et les grands groupes d'investissements sont les premiers concernés et touchés par cette menace financière. A mon avis, les Etats-Unis et quelques autres puissances économiques occidentales restent les plus menacés par cette crise financière. Cela aura des répercussions néfastes sur la situation socio-économique de quelques pays. Le chômage, la pauvreté et la famine sont les premières retombées de cette crise. J'ajoute que ce n'est pas la première fois que le monde vit sous le spectre d'une crise économique. Il y a eu des crises similaires en 1929 et 1987. Voilà, il s'agit de cela à mon avis, non?», s'est interrogé notre interlocuteur. Amina, 30 ans, enseignante: «C'est flou. Ce n'est pas évident de comprendre cette crise. Même les économistes et les spécialistes n'arrivent pas à trouver une explication économique juste pour cette situation. Personnellement, il m'est difficile de vous l'expliquer, alors qu'à l'origine, moi je n'ai rien compris», nous a-t-elle affirmé, avant d'ajouter: «Je suis certaine que ce sont les juifs qui sont derrière cette crise. Devant la flambée des prix du pétrole, ils tentent comme à leur habitude, de mettre à genoux l'économie des pays arabes, en poussant à la chute des prix du pétrole.» Constat: les Algériens, quelle que soit leur appartenance sociale, semblent plutôt déconnectés de la réalité et pour dire cela autrement «moins informés» pour ne pas dire qu'ils ne s'intéressent pas particulièrement à ce qui se passe ailleurs, trop préoccupés par leur propre situation. Ce que résume parfaitement le chauffeur de taxi. Alors que la crise financière mondiale fait la «Une» des journaux, les Algériens ne semblent donc pas concernés par les retombées que pourrait engendrer cette crise.