Les autorités françaises, à leur tête le président Sarkozy, n'en menaient pas large, hier, au sortir du match de football qui a opposé les équipes de France et de Tunisie. La France s'indignait, hier, après les sifflets qui ont fusé lors du passage de l'hymne français, La Marseillaise, lors du match amical qui a opposé les équipes de France et de Tunisie. Une réédition du même cas de figure ayant émaillé la rencontre France-Algérie en 2001. Certes, le courroux des autorités françaises, à leur tête le président Nicolas Sarkozy, est compréhensible. M.Sarkozy a ainsi fustigé cet incident qui s'est produit au Stade de France, le qualifiant de «scandaleux», allant jusqu'à convoquer, hier, le président de la Fédération française de football, Jean-Pierre Escalettes. Dans son sillage, le Premier ministre François Fillon a estimé «insultant» le fait que l'hymne français soit sifflé appelant à «interrompre les matches» dans de tels cas. «C'est insultant pour la France, c'est insultant pour les joueurs de l'équipe de France et ça n'est pas tolérable», a déclaré en outre à la radio RTL le Premier ministre français, alors que Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur a, pour sa part, ordonné une enquête. En fait, toutes les tendances politiques françaises condamnaient, hier, un «incident» qui ne manquera pas de susciter d'autres réactions. Toutefois, si de tels comportements sont effectivement condamnables, car intolérables, il n'en demeure pas moins que les politiques français doivent eux aussi faire leur examen de conscience et se dire si, quelque part, ils n'ont pas eux-mêmes prêter le flanc à de tels comportements par la manière même avec laquelle ont été pris en charge les problèmes de l'immigration et, plus généralement, de l'intégration des jeunes Français de la deuxième et troisième générations issues de cette immigration aujourd'hui tant décriée. En 2001 comme en 2008, ce sont encore ces jeunes «beurs» toujours pas intégrés ou mal intégrés, victimes de tous les dépassements de la part de la police, confrontés au racisme et à l'exclusion, qui profitent de ces occasions pour dire, à leur manière, leur ras-le-bol de leur disqualification de la part des Français. N'est-ce pas Jean-Marie Le Pen et avec lui tous les racistes de France et de Navarre, qui estiment que les «beurs» et les émigrés naturalisés ne sont «français» que sur le papier, refusant la citoyenneté française, l'intégration dans la France, à des filles et des garçons qui sont nés en France, qui connaissent, peu ou prou, leurs origines. Et ce n'est pas la loi «Miia», dite loi Hortefeux, qui a arrangé les choses. Outre le contrôle ADN, cette loi prévoyait des statistiques ethniques (condition finalement supprimée par le Conseil constitutionnel) faisant des émigrés des cas d'espèce très particuliers et non des Français à part entière. Même un Zineddine Zidane, qui a tant fait pour la gloire du football français, n'a pas échappé à cet ostracisme. Cela pour dire que ce comportement des jeunes issus de l'émigration des banlieues françaises, est d'abord la conséquence avec laquelle leur cas est pris en charge par des autorités qui ont largement privilégié le côté sécuritaire tout en minorant celui social et humain ayant trait à l'intégration totale d'une population qui a participé et participe pleinement au développement de la France. Le secrétaire national du Parti socialiste français (PS) Razzy Hammadi, d'origine tunisienne, a de son côté jugé que «même si (...) les Français d'origine maghrébine sont trop souvent victimes de discrimination et de harcèlement policier (...), il n'en demeure pas moins que la République, en dépit de ses promesses non tenues, n'est pas à humilier en sifflant son hymne». De fait, la France officielle a trop peu fait ces dernières années pour réellement convaincre les Français de seconde zone, qu'ils sont des Français comme les autres avec les droits et devoirs qui sont ceux de tous les Français. On a trop fait sentir justement à ces Français, pas tout à fait Français, qu'ils ne sont pas «Français» vraiment et ne sont que tolérés. C'est en fait cela le drame de l'émigration maghrébine en France qui est aussi et en même temps l'échec d'une politique d'intégration qui n'a pas su faire la part des choses.