Qui l'aurait cru? Le système libéral capitaliste à la recherche de solutions étatiques lui permettant de survivre à sa faillite. Tous les hommes de progrès, les antimondialistes et autres laissés-pour-compte se délectent d'une revanche inattendue et inespérée sur un système dépourvu d'éthique et de morale. Pourtant, la mondialisation et ses corollaires se sont forgés sur la base d'une feuille de route énonçant les grands principes «de la bonne gouvernance» dont deux des principaux axes directeurs demeurent la transparence et la lutte contre la corruption. La montée en puissance de la spirale spéculative a permis au gotha de la finance internationale de s'approprier des sommes d'argent vertigineuses et d'amasser des fortunes usurpées, tout en mettant en danger le système économique et financier international. Toutefois, cette crise a l'avantage de mettre en relief les tares et imperfections de la voie capitaliste au monopole politico-financier, principal responsable du désordre monétaire et des inégalités socioéconomiques. La mondialisation a consacré l'émergence d'une seule superpuissance qui a donc régi les affaires planétaires au gré de ses intérêts nationaux sans pour autant prendre en charge les naturelles revendications du front des plus démunis. Les Occidentaux ont permis, au nom de la vérité du sacro-saint marché régulateur et de la libre entreprise, la contamination mondiale. Pourtant déjà, deux avertissements forts avaient retenti en 1929 et en 1987, sur les places boursières, mais il est certain que les leçons n'ont pas été retenues. En fait, le système capitaliste libéral avec comme interfaces les banques, les multinationales ou autres espaces de sédimentation de la monnaie, échappe à tout contrôle et est considéré comme première et principale cause de la crise alimentaire mondiale qui a fait basculer plus de cent millions d'êtres humains dans l'extrême pauvreté au regard du dédoublement de la plupart des prix des céréales; du tassement de la croissance dans le tiers-monde sachant qu'un point de croissance en moins réduit 0,5 point celle des PVD et que les prévisions de croissance pour 2009 dans l'hémisphère Nord sont presque nulles; de la récession dans les économies fragiles du fait de la réduction prévue sans conteste de l'aide publique au développement (APD), et du tarissement des IDE privés accompagnés d'une remontée de l'inflation. Ce tableau aux parfums de désillusions nous oblige à penser que les Objectifs du millénaire définis par l'ONU ne sont pour l'immédiat qu'une utopie, quant au Nepad...! Aujourd'hui, faute de confiance et par un simple jeu de dominos, des pans entiers de l'économie mondiale et pas des moindres, s'effondrent à tour de rôle à l'exemple des secteurs bancaires, assurances, automobiles, immobiliers, etc. avec des conséquences désastreuses sur l'emploi, le pouvoir d'achat, la consommation, etc. L'orthodoxie capitaliste est mise à nu et les oligarchies bancaires sont jetées, chaque jour, en pâture à une opinion publique médusée par ceux-là mêmes dont la mission est censée surveiller, canaliser et moraliser la sphère financière. La crise est globale mais aussi institutionnelle. Les nationalisations partielles ou totales des établissements bancaires de première importance ont ébranlé les fondements du système capitaliste libéral. Ce dernier doit être à tout prix corrigé dans le sens d'un contrôle élargi à plusieurs niveaux d'interpellation où la rigueur et la transparence seront de mise. Sinon, une fois la crise passée et oubliée, le système sera, une fois de plus, infecté. En ce sens, le directeur général du FMI, l'institution financière internationale la plus décriée pour ses injonctions ultralibérales dans la mise en oeuvre des plans d'ajustement structurel préconise, pour sortir de la crise l'intervention des Etats, l'encadrement des sphères financières et la création de nouvelles institutions financières multilatérales avec comme toile de fond, le respect de nouvelles règles de jeu. D'un autre côté, l'espoir viendra-t-il des pays émergents, seuls capables, en ces temps de morosité et de frilosité, de tirer une croissance positive? L'implosion de l'actuel système financier international peut engendrer de nouvelles synergies dans les pays du Sud, mais ces dernières devront être sous-tendues par des stratégies d'accompagnement élaborées en dehors des cercles «économicistes» traditionnels à la réflexion éculée. Surgirait alors la vraie rupture avec le capitalisme sauvage. Naîtra alors un capitalisme «à visage humain...», le capitalisme d'aujourd'hui «s'étant pendu avec sa propre corde» * Cadre supérieur de l'Etat à la retraite.