Le SG de ce parti clôture deux semaines d'un marathon électoral, de loin le plus efficace. Après une période de pré-campagne où les islamistes et le RND s'envoyaient des insultes, les Algériens ont découvert, en deux semaines de campagne, un FLN rénové, responsable et doué d'une grande capacité de convaincre les foules. Pour le dernier virage avant la ligne droite, le parti de Benflis, au même titre que les principales cylindrées, a fait une sortie très remarquée dans la deuxième ville du pays. Ainsi, Ali Benflis, Ahmed Ouyahia, Lahbib Adami et Mahfoud Nahnah ont animé des meetings à Oran, offrant à la ville une véritable ambiance de campagne électorale. Les discours des uns et des autres dépassaient quelque peu le cadre strictement oranais, pour lancer des messages clairs, qui en direction des autorités, qui dans le sens de la base. Ainsi, si Mahfoud Nahnah a supplié le chef de l'Etat d'user de Seif El-Hadjadj pour sauver les urnes, M.Adami a exhorté les citoyens à faire barrage aux partisans de la fraude qui n'hésitent pas à travestir les résultats. Ouyahia a, quant à lui, à partir de la salle omnisports d'Es-Sénia, appelé les électeurs à renouveler la confiance à son parti. Benflis de son côté, dans un meeting, haut en couleur, n'a eu de cesse de rappeler le rajeunissement des effectifs de son parti, ce qui constitue en soi, un gage d'ancrage profond dans la société. A partir de la deuxième ville du pays, Nahnah a dressé un constat négatif de la situation politique précisant qu'elle nécessite un remède radical, allant dans le sens de la séparation des pouvoirs pour concrétiser l'Etat de droit. Pour sa part, M.Adami, tout en appelant à concrétiser la concorde nationale, a suggéré aux citoyens de prendre exemple sur les citoyens de Kabylie: «Prenez l'exemple de la Kabylie qui avait enregistré le plus faible taux de recours en 1997, à l'occasion des communales. La population s'était mobilisée pour garantir la régularité du scrutin». Quant à M.Ouyahia, au cours du meeting qu'il a animé jeudi à la salle omnisports d'Es-Sénia, il a mis dans le même sac les islamistes qui ont offert une nouvelle virginité aux repentis en les présentant sur leurs listes et les partisans du boycott, en appelant les électeurs à se rendre en masse pour leur faire barrage. M.Ouyahia s'attaquera, au cours de son allocution, aux partis islamistes qui ont inclus dans leurs listes des repentis qui ont les mains tachées de sang. «Nous avons soutenu la concorde civile au même titre que les familles victimes du terrorisme ou les courants nationalistes, mais nous ne cautionnerons jamais le retour des sanguinaires sur la scène politique», notera M.Ouyahia qui refusera de répondre à une question relative aux mutineries dans les prisons, posée par un confrère au cours d'une conférence de presse improvisée à la fin du meeting, précisant qu'il est venu à Oran en sa qualité de premier responsable du RND et non comme ministre de la Justice. Intervenu après tous les autres leaders, le SG du FLN, qui a animé son meeting, hier après-midi, clôture deux semaines d'un marathon électoral, de loin le plus efficace, selon les observateurs. S'appuyant sur la nouvelle orientation moderniste du parti, Ali Benflis était, le moins que l'on puisse dire, à l'aise dans toutes ses interventions. Aussi, a-t-il pu trouver le moyen de séduire les foules par un discours sans complexe et surtout loin des anathèmes dont ont usé la plupart des adversaires politiques du FLN. En abordant les principales questions qui font l'essentiel des préoccupations des citoyens, le chef de file du vieux parti a, semble-t-il, trouvé les mots justes pour convaincre les citoyens, non seulement, de faire leur devoir électoral, mais aussi de voter pour une Algérie mature qui sait passer d'une étape historique à une autre, sans avoir à effectuer des choix douloureux, à même de précipiter le pays dans le chaos. Une donne qui n'a pas échappé aux observateurs qui ont suivi la mue du FLN d'un parti sclérosé obéissant au pouvoir exécutif, à une formation rajeunie, dynamique et porteuse d'un réel projet de société. En fait, malgré le parasitage de la campagne électorale, les Algériens, qui auront saisi l'importance de la phase historique que traverse le pays semblent avoir pris option pour une formation politique qui a réussi à retenir les leçons d'une décennie de grande instabilité. C'est l'une des lectures faites par les spécialistes à la lecture des résultats des sondages qui donnaient d'abord une forte progression de l'islamisme avant la campagne et un retour fulgurant du FLN après deux semaines de campagne et de meetings non-stop.