Les choses vont tellement bien que personne n'ose dire le contraire. «Je suis venu construire ma maison ici parce que c'est le seul lieu où l'urbanisme est réellement viabilisé», nous déclare ce vieil homme qui a tant à dire, mais qui ne trouve pas l'utilité de le faire. A Baba H'sen, tout va bien pour tout le monde. Les choses vont tellement bien que personne n'ose dire le contraire. La stabilité politique dans cette commune, en fait, une rare réussite dans la création de zones urbanistiques nouvelles. En effet, ce coin n'a pu connaître son essor qu'à partir de 1985, date à laquelle été installée l'APC à proximité du wali de la contrée, Baba H'sen. On allait assister à une nouvelle ère après cette conquête de l'administration. Tout se fera proprement et dans les normes, ce qui n'a pas été le cas de beaucoup d'autres communes. Pourquoi? Stabilité politique, sans doute. Le président d'APC a rempli, à la tête de cette institution, trois mandats dont le dernier expirera prochainement. En 1985, la bourgade ne comptait que 3000 âmes. Aujourd'hui, elles sont près de 20.000 à partager cet eldorado urbanistique. En 1985, le cycle d'éducation primaire n'était représenté que par trois classes. Aujourd'hui, les enfants de Baba H'sen ont à leur disposition six écoles, ils n'auront plus à se déplacer vers Douera, puisque le nouveau CEM est tout proche, et ils peuvent se passer de Ben Aknoun, le lycée est à deux pas. La commune a même réussi à convaincre certaines institutions d'implanter leurs centres administratifs dans la région. Tel est le cas de la BNA et de la CNEP entre autres. Le 1er vice-président, M.Berchich, est un homme très occupé. Le président d'APC est souffrant, nous souffle-t-on. Mais la version officielle ne niera et n'affirmera rien de tout ça. Le président est absent... Son premier remplaçant essaie d'en placer une entre deux coups de téléphone et deux signatures: contrats de location, permis de construire... Si en plus, on ajoute la présence remarquée d'un organisme étranger au service, le Comité de surveillance des élections législatives, les sollicitations n'en sont que plus nombreuses. Le 1er vice-président d'APC semble s'accommoder sans trop de nervosité à ce flux. Selon M.Berchich «tout va bien»; l'homogénéité dans la démarche d'urbanisation de l'assiette foncière a donné naissance à une ville nouvelle qui répond strictement aux contours initialement dessinés, nous dit-on. La liste des réalisations, achevées et à venir est éloquente. Une liste établie par les services de l'APC. On nous présente aussi une autre liste. Cette fois, c'est un communiqué virulent que la société civile de la commune (18 comités de quartier, associations sportives, association de parents d'élèves et autres) aurait paraphé. Le texte fait allusion à une «faoudha» qu'aurait provoquée «un groupe de personnes poussé par des groupes d'intérêts pour des profits personnels, et rien d'autre (sic)». La société civile, après avoir fermement condamné ces agissements, assure de son soutien le président d'APC, M.Graïbi Saâd, une personne respectée. Quand on veut en savoir plus sur ces «groupes d'intérêts», on nous cite évasivement un parti islamiste que nous ne citerons pas ici. D'autres sources nous orientent vers le passage d'un ministre des PME/PMI qui aurait grandement favorisé les investisseurs d'un certain parti quant à l'acquisition de terrains dans cette propriété de l'Etat.