Les chanteurs, à leur tête Cheb Khaled, ont su et pu adapter la musique oranaise aux nouvelles exigences des temps modernes en puisant du patrimoine. La soirée de clôture du Festival de la chanson oranaise a drainé, mardi dernier, un monde fou et fin connaisseur. De nombreux mélomanes du genre immortalisé, ont été bercés par le verbe en attente de réhabilitation depuis des années. Ainsi, un spectacle haut en couleur s'est ouvert sous les coups de baroud et acrobaties locales effectuées par plusieurs troupes folkloriques de S'hab El Baroud oua el carabila. Lors de cette soirée, les interprètes du verbe à la fois mélancolique, nostalgique et figuré, ont noyé les présents dans les complaintes des années de gloire de la chanson oranaise. Une nuit pleine d'aveux et de connivence. Contrairement aux soirées précédentes, les Oranais sont venus, cette fois-ci, en force. Les chanteurs étaient tous là, pressés de renouer avec un public éprouvé, imprégné de la chanson et fin connaisseur de la touche oranaise. Le retour aux sources est une vertu et rendre hommage est un devoir. Le credo de la première édition du Festival de la chanson oranaise est de faire renaître un style qui est menacé de disparition malgré le chemin tracé par les défunts Ahmed Wahby, Mohamed Benzerga, Ahmed Saber, Ben Tahar Habib et tant d'autres. En présence de leurs amis El Hadj Tahar El Fergani et Ahmed Benani, ces ténors de la musique oranaise ont été, pour la première fois, et à titre posthume, honorés. Idem pour le vieux routier du même style, à savoir, Tayeb Taïbi qui malgré un âge très avancé, a tenu à être présent à la soirée d'ouverture où il aura un petit malaise. Les interprètes du style d'Ahmed Wahby ont présenté avec un brio oranais, un plat varié très ancien qui garde toujours son aura et continue à subjuguer les connaisseurs de la musique oranaise. Les anciennes chansons ont été déterrées. Un long répertoire extrait du terroir a, ainsi, été ressuscité. Loin de la création, on s'en moque. L'essentiel est qu'on chante et qu'on vante Oran, ses célèbres quartiers et qu'on rende hommage à ses chantres et à ses maîtres qui ont tracé la voie à un genre appelé la chanson oranaise. Les inévitables Souad Bouali, Samia Benabi, Maâti El Hadj, Cheb Réda, Sanhadji et Mesri El Houari reviennent après plus de dix ans d'absence de la scène artistique pour assurer la relève laquelle est, semble-t-il, l'une des perspectives inscrites par la direction de la culture. En effet, sur la vingtaine de jeunes qui ont pris part au concours de la chanson oranaise, trois talents ont été retenus comme lauréats de cette première édition. Il s'agit de Atbi Amel, Aïdi Adda et Reffas Omar. Les intéressés suivront leur formation musicale au niveau du Palais des arts et de la culture d'Oran et seront enrôlés au sein de la chorale de ladite structure. La tendance raï ne semble pas dominer la chanson oranaise. L'interface qui peut exister entre le premier genre et le second est que le raï tire ses sources de la chanson oranaise. Les chanteurs qui, jusque-là, n'ont pas osé s'intégrer dans le phénomène du verbe «cru» et à leur tête Cheb Khaled, ont su et pu adapter la musique oranaise aux nouvelles exigences des temps modernes en puisant du patrimoine. H'mam, S'hab El Baroud, Bekhta, Fat Lifat, Wahrane rouhti Khsara, Chahlate Layoune, etc., sont des chansons illustres tirées du riche terroir de la musique et chanson purement oranaises. Ces mêmes chansons continuent de faire les beaux jours de Khaled. Cela dit, la musique en question est toujours en vogue malgré les vaines tentatives de lui donner un autre cachet qui est celui du raï connu, selon les spécialistes, pour son verbe cru et direct, vidé du sens métaphorique ou symbolisé. Les autorités locales ont pendant assez longtemps, boudé le festival du raï qui se tenait annuellement à Oran, excepté celui de l'année en cours. Guidés par le wali d'Oran, les responsables locaux ont répondu présent et en force. Toutefois, plusieurs imperfections sont à relever, qui sont surtout d'ordre organisationnel, notamment aux premiers jours du festival.