Beaucoup d'émotion et de colère se lisaient, jeudi, sur les visages crispés des familles victimes du terrorisme venues élire le bureau de wilaya de l'Organisation nationale des victimes du terrorisme. S'interrogeant sur leurs droits, ces familles affiliées à l'organisation de Mme Flici, ne sont pas allées par trente-six chemins pour dénoncer la misère et l'indigence qu'elles vivent. Sur leur lancée, elles ont tenu à dénoncer également le mépris affiché à leur encontre par les pouvoirs locaux, à leur tête le wali. «Pourquoi le wali et le chef de daïra ne reçoivent-ils pas les victimes du terrorisme?» a dénoncé Salem Yamina qui a perdu son mari en 1993 et qui depuis mène une vie de nomade sans domicile fixe. «Nous sommes perdus», a-t-elle ajouté amèrement. Les débats qui ont précédé l'élection du nouveau bureau de wilaya ont été houleux. Les présents ont, tous, été unanimes à dire que les droits des victimes du terrorisme sont bafoués. «Où sont passés les 100 logements destinés aux victimes du terrorisme de la wilaya d'Oran?», se sont-ils interrogés. Idem pour les cybercafés, ont-ils relevé. L'administration a été la première institution mise à l'index, par les mécontents, pour expliquer cet état de fait: «Depuis plus de 12 ans, c'est le même son de cloche», ont-t-ils, une fois de plus, regretté. «C'est trop!» a lancé du fond de la salle, une victime. Et une autre de lui emboîter le pas: «Depuis 12 ans, le monde a connu plusieurs transformations sauf le nôtre». Des veuves, des mères et des mères de victimes, présentes, ont tenu un sévère réquisitoire. D'une rare véhémence, elles s'en prennent à leurs pairs de la même organisation, notamment leurs responsables élus auparavant aux fins de gérer leurs intérêts. «Les bureaux de l'organisation sont toujours fermés et les responsables élus sont, tout le temps, absents.» Pour recouvrer leurs droits, ces familles menacent de recourir à la manière forte en menant par exemple des actions de rue. Pour sa part, Attou Habib Lakhdar, représentant de Mme Flici, a dans son intervention, tenté de tempérer les ardeurs en déclarant que les acquis arrachés seront destinés à toutes les victimes du terrorisme, mais la priorité revient de droit aux adhérents de l'Onvt. Et d'annoncer que le statut particulier des victimes de la tragédie nationale sera débattu lors de la prochaine session de l'Assemblée populaire nationale. Dans ce statut, il est prévu la constitution de commissions au niveau des daïras dans lesquelles les victimes du terrorisme seront représentées par un membre. Et d'ajouter: «Nous voulons que les victimes soient les partenaires social et politique du gouvernement».