La décision de l'Opep de réduire sa production est contraire aux bonnes règles de fonctionnement du marché, a estimé la Maison-Blanche. La Maison-Blanche a dénoncé, hier, la décision de l'Opep de réduire sa production de pétrole de 1,8 million de barils par jour, en estimant qu'elle était contraire aux bonnes règles de fonctionnement du marché. Elle a aussi dénoncé le prix élevé du pétrole jusqu'à une date récente comme l'une des causes du ralentissement économique actuel. «Nous pensons depuis toujours que la valeur des biens, y compris du pétrole, doit être déterminée par des marchés ouverts, concurrentiels, et non pas par ce genre de décisions, contraires au marché», a dit un porte-parole de la Maison-Blanche, Tony Fratto. «Comme nous le disons depuis longtemps, nous voulons que les marchés soient bien approvisionnés. Les prix élevés du pétrole ont contribué depuis l'an dernier à un ralentissement de la demande et au déclin économique qui a suivi, et nous demandons à tout le monde de ne pas l'oublier», a dit la porte-parole du président George W.Bush, Dana Perino. La Grande-Bretagne se dit, elle, «déçue» de la décision de l'Opep, a indiqué le porte-parole du Premier ministre Gordon Brown. «L'Opep doit prendre en compte l'impact que cette décision aura sur l'économie mondiale. La crise économique actuelle nous affecte tous et nous devrions prendre la responsabilité de ne pas porter atteinte aux efforts qui ont été faits pour stabiliser l'économie.» «Il est important que toutes les décisions prises par les pays producteurs de pétrole soient destinées à assurer la stabilité à long terme du prix du pétrole et la transparence dans le prix», a-t-il ajouté, soulignant que ces choix «ont un rôle crucial à jouer dans la relance de l'économie mondiale». L'Agence internationale de l'énergie (AIE) espère, quant à elle, que la baisse de production de l'Opep ne va pas «exacerber» la situation «très fragile de l'économie mondiale», selon son principal analyste. Les ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole s'étaient réunis, hier, pour tenter d'enrayer la chute des prix du pétrole qui ont perdu plus de la moitié de leur valeur depuis le 11 juillet lorsqu'ils avaient atteint le cours record de 147,50 dollars le baril. Cependant, sur le marché, le prix du brut a continué sa dégringolade hier à près de 61 dollars à Londres et 63 dollars à New York après l'annonce de la décision de l'Opep de baisser sa production. Selon le ministre saoudien du Pétrole, une deuxième baisse n'était pas envisagée ultérieurement pour l'instant. Le président actuel de l'Opep, Chakib Khelil, a déclaré pendant la conférence de presse de clôture, que le cartel ne s'était pas fixé de fourchette ou de cible de prix à défendre «les prix sont déterminés par le marché». Lorsqu'en juillet, le prix était autour des 147 dollars cela «n'a pas eu d'impact sur l'inflation ni sur la croissance». «Cela vient de la mauvaise gestion des économies, de la crise des prêts hypothécaires à risques (subprimes) et des conséquences de ces crises», a encore expliqué Chakib Khelil. Avant la réunion, il s'était prononcé pour une réduction modérée de la production de l'Opep pour éviter d'aggraver la crise financière mondiale tout en remarquant qu'une baisse trop modeste ne calmerait pas la spirale baissière. Pour l'analyste David Kirch, de PFC Energy, l'Opep, fait actuellement face à «son plus gros défi» depuis la crise asiatique il y a dix ans, car elle doit stopper la chute des prix pétroliers sans aggraver pour ses clients, les pays consommateurs, l'impact de la crise financière la plus grave depuis 1929.