Quelques heures à peine après l'annonce par l'OPEP de la réduction de la production de pétrole de 1,5 million de b/j, les réactions ne se sont pas fait attendre. Et ce sont les deux pays, éternels alliés, qui ont ouvert le bal. Il s'agit bien entendu de la Grande-Bretagne, en pleine récession, annoncée hier, des Etats-Unis, dont les Bourses dépriment de manière jamais égalée. Par la voix du porte-parole du Premier Ministre de Sa Majesté, Londres s'est dit «déçu» de la décision de l'OPEP de réduire son offre de 1,5 million de barils par jour. «L'OPEP doit prendre en compte l'impact que cette décision aura sur l'économie mondiale. La crise actuelle nous affecte tous et nous devrions prendre la responsabilité de ne pas porter atteinte aux efforts qui ont été faits pour stabiliser l'économie», a ajouté le porte-parole du locataire du Downing Street. «Il est important que toutes les décisions prises par les pays producteurs de pétrole soient destinées à assurer la stabilité à long terme du prix du pétrole et la transparence dans le prix». Sauf que les efforts auxquels fait allusion la Grande-Bretagne n'ont aucunement pris en compte les intérêts des pays sous-développés ou émergents qui seront tôt ou tard touchés par la crise. Une crise qui est en train de démontrer que toutes les politiques monétaristes appliquées jusque-là sont arrivées à leurs limites. Emboîtant le pas à son alliée de toujours, pour le meilleur et le pire, Washington a dénoncé la mesure prise par le cartel pétrolier, la jugeant «contraire à de bonnes règles de fonctionnement du marché». La Maison-Blanche estimait, jusqu'à dernièrement, que le prix élevé du pétrole était l'une des causes du ralentissement économique actuel. «Nous pensons depuis toujours que la valeur des biens, y compris du pétrole, doit être déterminée par des marchés ouverts, concurrentiels et non par ce genre de décisions contraires au marché», a déclaré le porte-parole officiel du pays le plus protectionniste du monde. Se faisant plus menaçant, l'orateur a ajouté que les prix élevés du pétrole ont contribué depuis l'an dernier «à un ralentissement de la demande». Mieux, le porte-parole de George Bush ira jusqu'à imputer le déclin économique actuel aux prix élevés du pétrole. «Nous demandons à tout le monde de ne pas l'oublier», a-t-il conclu sur un ton d'avertissement contre d'éventuelles représailles contre les membres de l'OPEP. F. A.