De par son parcours, ce théoricien s'apparente plus ou moins à l'intellectuel organique décrit par Gramsci. Son idéologie est celle des prolétaires, c'est-à-dire le communisme sans nuance prônant l'égalitarisme par le bas. Or l'homme, en dépit de ses convictions, garde encore des liens privilégiés avec le régime. Il vit à la résidence d'Etat du Club des Pins dans la banlieue d'Alger et bénéficie de l'attention des hommes forts du pouvoir. Sectaire, l'opposition de ce sexagénaire frôle l'intolérance. Il est pour une autre période de transition afin de revoir de fond en comble le système politique algérien à commencer par la disqualification du parti FLN et l'abolition de la donne islamiste, pourtant respectée dans un passé récent par son prédécesseur du Pags Sadek Hadjres, militant politique au long cours ayant vécu 30 années de clandestinité. Ce sexagénaire, originaire de Kabylie, a su garder outre sa vivacité d'esprit, des relations avec des anciens de la Guerre de libération aujourd'hui influents au sein du pouvoir comme le sénateur Zerrari, alias commandant Azzedine, et des généraux de l'armée. Les arcanes du pouvoir ne lui sont pas étrangers puisqu'au lendemain de l'indépendance il fut sous-préfet à Lakhdaria. Puis secrétaire général de la RTA (Radio-Télévision Algérienne ). En 1965, il fait partie de ceux qui s'opposent au «coup d'Etat du 19 juin» du colonel Boumediene, mais sera vite embauché par ce dernier comme allié objectif au sein de la Révolution. C'était l'époque du soutien actif à la nationalisation des terres agricoles et du pétrole. Il sera souvent syndicaliste de premier rang à la Centrale syndicale UGTA où il ne fera pas long feu vu qu'il effrayait en 1978, de par l'influence que prenait le Pags alors. Octobre 1988 restera une grande date dans l'histoire d'El-Hachemi Chérif au point qu'il s'y réfère constamment dans ses analyses de théoricien. A cette date, il aura d'ailleurs payé le prix de sa liberté puisque pourchassé par le pouvoir pour «fomentation d'insurrection populaire». Une autre date marquera son arrivée sur la scène politique, celle de 1990, mais surtout 1991, puisqu'il se dit redevable de Hamrouche, l'initiateur de libertés. Aujourd'hui, la lutte contre l'islamisme politique figure au premier chapitre de son livre de chevet et du parti qu'il dirige, le MDS (Mouvement démocratique et social). Une option à laquelle il a également appelé lors de l'arrêt du processus électoral en janvier 1992. Ce qui lui a valu un attentat terroriste raté en 1994. Actuellement la montée en puissance des islamistes sur l'échiquier politique algérien ne semble pas inquiéter outre mesure El-Hachemi Chérif qui pense qu'il n'y a pas de parallèle à faire entre Le Pen et les démocrates en France et ce qui se passe en Algérie, où l'Etat, en tant qu'instrument reste à parfaire. Néanmoins la rigidité dans les principes reste la dominante du caractère de cet intellectuel à un point tel que l'on est tenté de croire qu'il est allergique à l'avis contraire. Pourtant nous sommes en «démocratie»!