Le ministre des Finances a admis, néanmoins, que la chute des prix du baril de pétrole entraînerait «une baisse de nos revenus externes et fiscaux». Les investisseurs étrangers n'ont pas l'intention de quitter le pays suite aux dernières mesures prises par le gouvernement algérien, notamment celles ayant trait au transfert des capitaux. Le ministre des Finances, Karim Djoudi rassure: «A l'heure où je vous parle, le gouvernement n'a reçu aucune demande officielle de la part des investisseurs pour l'annulation des projets.» Mieux encore, la crise financière mondiale, selon le ministre, «pourrait bénéficier à l'Algérie». Au moment où les experts économiques tirent la sonnette d'alarme et mettent en garde contre les retombées du krash financier, le grand argentier du pays persiste à dire que l'Algérie est à l'abri: «L'Algérie qui est l'un des marchés les plus dynamiques dans la région en matière d'opportunités d'investissement, pourrait être la destination favorite des opérateurs économiques étrangers, même ceux qui se sont vus obligés de baisser rideau ailleurs.» Deux éléments jouent en faveur de notre pays, explique Djoudi: «La liquidité financière et la capacité de remboursement de sa dette extérieure confortent la position de l'Algérie et constituent des éléments d'attraction pour les investisseurs étrangers.» En plaçant son argent en Algérie, l'investisseur étranger confronté au manque de visibilité et d'assurance dans les marchés internationaux, est assuré de la rentabilité de son projet. Néanmoins, sur le plan budgétaire, le ministre a admis qu'une baisse soutenue du prix du baril aurait des conséquences sur la politique financière nationale. La chute des prix du baril de pétrole entraînerait «une baisse de nos revenus externes et fiscaux» reconnaît, en outre, l'invité de la Radio nationale. Dans un autre chapitre, le ministre des Finances a révélé l'intention du gouvernement de renforcer les prérogatives des directeurs de banques publiques de manière à leur assurer une meilleure immunité et une indépendance dans la prise de décision: «Le ministère des Finances est en phase de préparer un dispositif juridique visant à lever les pressions auxquelles sont confrontés les directeurs de banques publiques, notamment en ce qui concerne les poursuites judiciaires qu'ils subissent en cas de perte encaissée par les établissements financiers suite à l'octroi de crédit.» Ces poursuites, reconnaît M.Djoudi, sont à l'origine des hésitations affichées par les banques dans l'octroi des crédits à l'investissement au moment même, paradoxalement, où la Banque d'Algérie parle de surliquidité. «Il faut reconnaître que l'économie algérienne n'est pas en mesure d'absorber cette surliquidité.» Ce qui nécessite l'intervention, à chaque fois, de la Banque d'Algérie pour absorber cette surliquidité. Le ministre a, par ailleurs, soutenu que les crédits destinés à l'investissement, ont connu une augmentation de 16% par rapport à l'année précédente. L'Etat a aussi consacré une enveloppe colossale pour financer les secteurs de la pétrochimie, du transport et de l'habitat. Tous des projets financés par des crédits internes. Revenant sur le processus d'investissement des banques publiques, Karim Djoudi a révélé que cette démarche est «gelée» jusqu'à nouvel ordre afin d'épargner au système financier les séquelles de la crise financière. «L'Algérie va relancer ce processus dès que les conditions nécessaires seront réunies», a-t-il précisé tout en rappelant que les banques intéressées par la participation dans le capital du CPA ont été touchées par la crise. Sur sa lancée, le ministre des Finances affirmera que les banques étrangères activant en Algérie sont épargnées par la crise mondiale puisque elles sont soumises aux règles prudentielles et monétaires établies par la législation algérienne pour l'octroi des crédits. Aucune d'entre elles n'est au stade du dépôt de bilan, comme il est prétendu par certains cercles.