Le cas des détenus du mouvement citoyen reste la grande inconnue. Deux mille six cents autres condamnés sont concernés par les dernières mesures de grâce décidées par le Président de la République à l'occasion du Mawlid ennabaoui au profit des condamnés de droit commun, avons-nous appris hier. Ce qui explique en partie la persistance de la rumeur portant sur la libération des détenus du mouvement citoyen, qui ne s'est guère estompée et ce, malgré les clarifications apportées par le ministre de l'Intérieur, mercredi dernier. Dans l'entourage du mouvement citoyen, on croit dur comme fer que la libération des détenus interviendra demain matin. Cette rumeur, qui continue à être colportée, n'a pas manqué de susciter de nouveau l'espoir après la déception constatée au lendemain de l'annonce par communiqué des mesures de grâce décidées par le Président de la République. Etant le seul quotidien à avoir fait état de cette rumeur coïncidant par pur hasard avec la parution du décret portant sur les mesures de grâce, nous avons été assaillis de coups de fil émanant de citoyens qui voulaient plus de précisions. Le cas des détenus du mouvement citoyen est-il inclus ou pas? C'est la question qui semble tarauder les esprits des différents citoyens qui nous ont joints par téléphone. Ce n'est que vers 20h que la tension a commencé à baisser, mais sans pour autant disparaître complètement. L'espoir de voir ces mesures de grâce élargies à l'ensemble des détenus restait encore vivace durant tout le week-end. Nos tentatives d'en savoir davantage sur ces mesures d'apaisement nous ont permis d'apprendre que 2600 condamnés, en plus des 5100 déjà annoncés, sont donc concernés par la grâce présidentielle. Entre la persistance de cette rumeur et les clarifications apportées par les pouvoirs publics, la population paraît perplexe et s'interroge sur les tenants et les aboutissants de ce forcing de part et d'autre à quelques jours du vote. Serait-ce pour apaiser la tension ou bien au contraire pour la faire monter davantage? Si du côté du collectif des avocats de la défense, on se contente d'une lecture stricte de la loi en évitant de faire l'amalgame entre l'amnistie et la grâce présidentielle, chez les familles des détenus, en revanche, on prie pour que cela soit vrai. La précision apportée et selon laquelle «seuls ceux qui ont commis des meurtres ne sont pas concernés» a laissé croire que les délégués du mouvement citoyen sont également concernés. Ce souhait, qui s'apparente à une certitude, est largement partagé chez les citoyens. Ce même espoir est à relever chez l'opinion locale que résume bien cet enseignant: «Le gros de la tension est né de la détention opérée dans les rangs des délégués, leur libération ne peut qu'apaiser la situation.»