Le Président de la République ne pouvait accorder une grâce à des personnes dont le sort n'a pas été encore décidé par la justice algérienne. La mise en application des dernières mesures de grâce décidées par le Président de la République, à l'occasion du Mawlid ennaboui, est effective depuis dimanche à travers la Kabylie. L'élargissement de ces mesures de grâce à l'ensemble des détenus du mouvement citoyen s'est avérés, après lecture du décret, impossible du fait que les personnes non encore jugées ou qui ont fait appel ne sont pas concernées. Le Président de la République ne pouvait accorder une grâce à des personnes dont le sort n'a pas été encore décidé par la justice algérienne. Le collectif des avocats de la défense l'avait d'ailleurs bien expliqué lorsque nous l'avions interrogé sur cette éventualité. On nous avait affirmé alors que «seuls ceux qui sont définitivement jugés sont concernés par cette mesure». Au sein de l'opinion, l'espoir de voir le Président de la République récidiver à l'occasion d'autres fêtes, reste vivace, et, partant, on n'hésite pas à avancer les dates du 19 Juin, du 5 Juillet à condition, bien évidemment, que le jugement des détenus intervienne d'ici à là. Ce sentiment est également partagé par les familles des détenus qui ne rêvent que de voir leur enfant enfin libéré. Plus de 139 condamnés de droit commun ont retrouvé la liberté dans la wilaya de Béjaïa. Ce chiffre provisoire est appelé à être revu à la hausse puisque l'opération n'est pas encore achevée, avons-nous appris auprès du parquet de Béjaïa. D'autres condamnés seront libérés dans les prochains jours, probablement avant le 30 mai. Il est impossible, cependant, de donner le chiffre exact du fait des difficultés dans le traitement des dossiers. Sur 139 libérés, 18 jeunes ont été condamnés avant les troubles qui ont secoué la région de Béjaïa. Hier, le hasard a fait que l'un d'entre eux nous a contactés par téléphone. Cachant mal sa satisfaction de retrouver la liberté, il a tenu à féliciter notre journal. Il s'est, par ailleurs, longuement attardé sur les conditions de son séjour à la maison d'arrêt de Béjaïa. Ne faisant en aucun cas état d'un quelconque mauvais traitement, notre interlocuteur nous a également parlé de la rumeur de la libération de tous les détenus, de la grève de la faim avant de rassurer sur la bonne santé de l'ensemble des détenus du mouvement citoyen à Béjaïa. Par ailleurs, nous avons appris que 18 détenus, dont le délégué Mohamed Ihlef, de la maison d'arrêt de Kherrata, ont entamé une grève de la faim pour exiger leur «libération». Notons qu'à Bouira, onze détenus du mouvement citoyen, condamnés par la cour d'appel à des peines allant de 4 à 12 mois, ont été libérés dimanche, dans le cadre des mesures de la grâce présidentielle. Nos tentatives d'en savoir plus concernant la wilaya de Tizi Ouzou ont été vaines, tout porte à croire que des condamnés de droit commun ont été également élargis. Reste à savoir le nombre qui sera vraisemblablement communiqué au moment opportun.