L'Algérie était à l'honneur lundi dernier, son cinéma mais aussi sa représentante du ministère de la Culture, Zehira Yahi. Le premier film algérien en compétition officielle aux Journées cinématographiques de Carthage a passé, lundi, son examen de passage public, haut la main. Lyès Salem, le réalisateur de ce beau film, qui n'a pas caché son trac devant ces centaines de personnes venues voir sa réalisation, a choisi d'être entouré de son staff technique et artistique et ses artisans sans lesquels le film n'aurait pas pu voir le jour. La fête algérienne atteindra le coeur du public tunisien quand celui-ci adhéra complètement à cette histoire comique. Une satire sociale de l'Algérie d'aujourd'hui racontée avec pudeur, dérision, teintée d'une remise en question. Une allégorie de cette Algérie, comme l'a si bien souligné hier, lors de la conférence-débat, Lyès Salem «endormi ou qui tend par moment à se réveiller de sa torpeur». Pour résumer le film à nos confrères tunisiens, le réalisateur dira que c'est l'histoire de Rym alias Sarah Reguig, entourée de deux hommes. Le premier, son frère- campé par Lyes Salem, himself- lequel est tourné vers le passé et Khelifa interprété par ce jeune acteur qui monte, Mohamed Bouchaïb, qui lui, est tourné vers le futur. A propos des voitures luxueuses qui tournoient dans ce no man's land algérien, le réalisateur désigna la métaphore du système néo-libéral dans lequel le monde est écrasé. Venu en force, le public tunisien en est sorti satisfait. Lors de la conférence de presse animée hier, il a été souligné l'intérêt accordé dans le film à la femme libre et responsable comme illustré par le rôle de l'épouse, admirablement campé par Rym Tacoucht. A propos de la trame du film, Lyès Salem a mis l'accent sur le côté social de cette Algérie, négligée par le système, et fait remarquer avoir voulu faire un film «non pas sur l'Algérie mais en Algérie», eu égard à l'universalité du sujet. Accueilli avec intérêt, gageons que Mascarades rafle un nouveau prix, après celui du Valois d'or en France. Un autre film algérien, hors compétition cette fois, a été projeté lors du Panorama du film algérien. Il s'agit de Roma wela n'touma de Tariq Teguia. Un autre film qui rend compte de l'Algérie d'aujourd'hui sous un angle nouveau et novateur. Celui d'une génération de cinéastes qui rompt avec les vieilles traditions et codes du cinéma. Le Liban à l'honneur Autrement plus collée à la réalité, que ce soit au niveau de l'esthétique que de l'imaginaire, la journée de lundi nous a permis de voir deux films dont la trame se passe au Liban. Le premier est un documentaire entrant dans le cadre de la compétition officielle vidéo, de Samir Abdellah. Ce cinéaste «sans frontières» est parti filmer le Liban pendant et après l'invasion israélienne en juillet 2006. L'idée de départ était de suivre un ami journaliste lors du lancement d'un nouveau journal en langue arabe. Un journal dirigé par Joseph Samah à qui est dédié ce film. La guerre, après la guerre, le titre de ce film, donne la parole à ces victimes de l'injustice humaine et rend compte de ces innombrables mines placées par l'ennemi à quelques jours seulement du cessez-le feu, faisant des Libanais, un peuple en danger permanent. Un film engagé dans la lignée des films de Samir Abdellah. L'autre film de fiction, cette fois, nous plonge, d'emblée, dans l'effroi de la guerre intestine au Liban. Une violence contre les opposants politiques laquelle est bien rendue dans ce film à travers des images crues. Campé par l'acteur égyptien Khaled El Nabaoui. Khaled est un jeune cinéaste qui vit au Liban en pleine reconstruction, après des années de guerre. Mais la paix n'est pas à l'heure des rêves de ses concitoyens. Il promène sa caméra dans Beyrouth, filme sa vision de la ville, les reflets d'un mode de vie. A travers le film qu'il veut réaliser, le cinéma, l'imagination et la réalité se confondent. Il en est de même entre le vécu et la réalité telle que véhiculée par les médias et la télé. Ce jeune cinéaste est, au bout du compte, capturé comme étant un des chefs d'Al Qaîda et montré sur toutes les chaînes télé comme un vulgaire individu. Un film dur mais nécessaire pour la mémoire, mais aussi par devoir de vérité.