La 22ème édition des Journées cinématographiques de Carthage qui a débuté le 25 octobre dernier a pris fin samedi dernier sur une note joyeuse pour les représentants algériens qui ont raflé trois distinctions : le prix de la meilleure œuvre cinématographique, celui du jury enfant et celui de l'espoir féminin remis à l'actrice Rym Takouchet. Derrière ce succès, un film qui ne cesse de faire parler de lui depuis sa sortie en septembre, Mascarades, du jeune réalisateur Lyes Salem. Il a commencé à faire parler de lui lorsqu'il a décroché le Valois d'or du meilleur film à Angoulême, dans le cadre du premier Festival du film francophone de France. Il a captivé les regards critiques des médias avec le doublé qu'il a arraché à Namur avec ses deux distinctions, le «prix du public» ainsi que le «prix junior» du Festival du film francophone de Belgique. Et, depuis sa nomination aux oscars jusqu'à son triomphe au Festival de Carthage, il suscite encore plus d'intérêt avec en plus des interrogations sur ces succès successifs et qui intriguent quelque peu… Pour captiver les membres des différents jurys qui l'ont primé, Lyes Salem les a plongés dans un village de l'Algérie profonde où son personnage principal, Mounir, un orgueilleux crâneur, aspire à être reconnu à sa juste valeur. Mais son aspiration le désespère car les gens du village ne cessent de se moquer de sa sœur, Rym, qui s'endort à tout bout de champ. Un soir, alors qu'il rentre ivre de la ville, Mounir annonce à qui veut l'entendre sur la place du village qu'un riche homme d'affaires étranger a demandé la main de sa sœur. Du jour au lendemain, il devient l'objet de toutes les convoitises. Aveuglé par son mensonge, Mounir va, sans le vouloir, changer le destin des siens... Le film de Lyes Salem, soutenu par le ministère de la Culture dans le cadre de la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe 2007», est produit par Yacine Laloui (Laith Media), Isabelle Madeleine (Dharamsala), et Arte France Cinéma, La comédie, la dérision et le rire sont un bon moyen d'exprimer les réalités sociales d'une région donnée. Pour dire son Algérie, Lyes Salem, jeune réalisateur, a opté pour cette voie. Et ses efforts ont payé !... A moins que d'autres efforts aient joué. Pour en revenir aux Journées cinématographiques de Carthage, outre le succès de Lyes Salem, le prix du jury a été attribué à Amor Hakkar pour son œuvre la Maison jaune. Le tanit d'or des JCC 2008 a été remis au réalisateur éthiopien Hailé Gerima pour son œuvre Teza qui a aussi récolté le prix des meilleurs image, scénario, musique, et second rôle masculin. Le Tanit d'argent dans la même catégorie long-métrage est revenu au film palestinien Leila's birthday de Rashid Masharaoui et celui de bronze à Khamsa du Tunisien Karim Dridi. Dans la catégorie court-métrage, où neuf œuvres étaient en compétition, le Tanit d'or a été attribué au film égyptien Clean Hands Dirty Soap, le Tanit d'argent au film tunisien Lazhar et celui de bronze au film syrien Little Sun. Les JCC 2008 ont rassemblé 11 pays arabes, 12 africains, 11 européens et 7 asiatiques dans différentes sections (compétition, hors concours, ateliers, séances spéciales et cinémas du monde). Trois jurys (cinéma, vidéo, atelier) ont été constitués pour apprécier la qualité des productions et les départager. Le grand jury cinéma a été présidé par l'écrivain algérien Yasmina Khadra... F. B.