Selon un sondage de médias européens, une large majorité en France, en Italie, en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Espagne souhaite la victoire d'Obama. Les Européens, pro-Obama dans leur écrasante majorité, attendent trop du candidat démocrate à l'élection présidentielle américaine, selon les analystes qui prévoient un changement de ton de la politique étrangère américaine, mais peu de bouleversements sur le fond. Selon un récent sondage de la chaîne France 24 et du quotidien anglophone International Herald Tribune, 78% des Français interrogés, 72% des Allemands, 68% des Espagnols, 66% des Italiens et 48% des Britanniques «souhaiteraient voir élu» le candidat démocrate Barack Obama à la présidence américaine. Le républicain John McCain ne recueille les suffrages que de 1% des Français interrogés, 5% des Allemands, 8% des Espagnols et 11% de Britanniques. «Les Européens pensent que Barack Obama va devenir président, qu'il va agiter sa baguette magique et que tout va changer», note James Goldgeier, expert au Council on Foreign Relations. «S'il gagne, nous assisterons à un énorme changement de ton de la politique étrangère américaine», ajoute cet ancien diplomate, spécialiste des relations transatlantiques. «Il semble très porté sur la diplomatie et le dialogue». Mais sur certains dossiers comme l'élargissement de l'Otan, les relations avec la Russie, «sa marge de manoeuvre politique est plus limitée», poursuit M.Goldgeier. «Aucun président américain ne va dire à la Russie: faites ce que vous voulez en Géorgie.» Selon le site de campagne du candidat démocrate, «Barack Obama et (son colistier) Joe Biden pensent que le processus d'élargissement de l'Otan, qui a aidé des pays d'Europe centrale et méridionale à se stabiliser et se démocratiser, devrait se poursuivre, à condition que les candidats à l'adhésion soient démocratiques, pacifiques et désireux de contribuer à notre sécurité commune». Barack Obama s'est engagé à consulter davantage les alliés que son prédécesseur George W.Bush sur les grands dossiers internationaux. Mais dans le même temps, il a prévenu qu'il attendrait des Européens plus de coopération, notamment sur l'Afghanistan. Dans un partenariat renouvelé USA-Europe, Barack Obama et Joe Biden attendront des alliés qu'ils engagent davantage de ressources à cette mission commune, et qu'ils lèvent certaines des restrictions sur ce que leurs troupes peuvent faire en Afghanistan. Le candidat démocrate adopte ainsi la position de l'administration Bush, qui souhaite que les Européens fournissent davantage de troupes pour combattre les insurgés en Afghanistan, et lèvent les restrictions posées par certains pays de l'Otan quant aux missions pouvant être confiées à leurs troupes sur le terrain. Barack Obama s'est engagé à fermer le centre de détention de Guantanamo, une des causes de l'impopularité de George W. Bush en Europe. Mais en cela, il ne diffère pas de son rival républicain John McCain, qui a lui aussi promis de fermer cette prison où 272 détenus sont enfermés depuis des années sans inculpation formelle. Pour Justin Vaisse, un expert de la Brooking Institution, «il y a un risque qu'une administration Obama déçoive certaines attentes européennes, mais sa bonne volonté devrait générer des réactions plus positives qu'avec M.Bush.» Le simple changement de style peut avoir des répercussions «très importantes» sur les relations avec les Alliés, tout comme l'élection de Nicolas Sarkozy a amélioré sensiblement les relations bilatérales, même si la politique française n'a pas beaucoup changé sur le fond, explique cet historien français.