Les marchés financiers retenaient leur souffle et affichaient des hausses timides, hier, à la veille de l'élection présidentielle américaine, sur fond de craintes persistantes pour l'économie mondiale. Incités également à la prudence par la fermeture de la Bourse de Tokyo pour cause de jour férié, Londres gagnait 0,14%, Paris 0,25% et Francfort 1,25% quelques minutes après l'ouverture des transactions à 08h00 GMT. En Asie, Hong Kong gagnait 2,69% quelques minutes avant sa clôture. Séoul a gagné 1,5% et Sydney 5,06%. En revanche, Shanghai a perdu 0,52%. L'attentisme était également de mise en raison de l'ouverture d'un nouveau mois boursier, les investisseurs plaçant leur argent ou non en fonction de leur perception d'une tendance haussière ou baissière. Les marchés anticipent largement une victoire du candidat démocrate Barack Obama, en tête dans les sondages, et attendent avec fébrilité la levée de l'incertitude, bête noire des investisseurs. Pourtant, une victoire du républicain John McCain serait largement savourée à Wall Street, première place financière mondiale, car "le marché préfère généralement les républicains", rappelle Sam Stovall, stratégiste chez Standard & Poor's. Sur le site Intrade, un mini-marché internet où l'on peut acheter des titres sur tel ou tel candidat, Barack Obama est donné vainqueur à 84,5%, John McCain à seulement 16,6%. Pour les économistes de IHS Global Insight, Obama va l'emporter à 53,1% contre 46,9%.Selon Mace Blicksilver, directeur de Marblehead Asset Management, "pour beaucoup d'investisseurs, une victoire d'Obama est déjà intégrée par le marché". "Si Obama gagne avec une avance considérable, je peux vous assurer que mercredi sera une journée très difficile" pour Wall Street, prévient-il. En revanche, "si McCain gagne, le marché va bondir de 10% à l'ouverture et rester dans le vert toute la séance", pronostique Mace Blicksilver. En attendant l'issue du duel, les investisseurs gardaient un oeil sur la multiplication des mauvaises nouvelles en provenance des entreprises et sur la mobilisation politique dans la perspective du G20 du 15 novembre à Washington, qui affiche sa volonté de réformer le système financier international. En Allemagne, la Commerzbank a annoncé qu'elle allait bénéficier d'une injection de capital de 8,2 milliards d'euros de l'Etat allemand, qui va aussi garantir de nouvelles dettes pour 15 milliards d'euros, après la publication d'une plongée dans le rouge de ses résultats au 3e trimestre. Côté institutionnel, les banques centrales européenne et britannique devraient procéder à un nouvel assouplissement de leurs conditions de crédit pour favoriser le financement des économies. Les banques du Japon et la Réservé fédérale américaine ont déjà procédé la semaine passée à des baisses de taux, après un mouvement similaire concerté des plus grands instituts d'émission le 8 octobre. Les marchés étaient toutefois restés largement insensibles à ces mesures. Autre motif d'espoir pour les marchés financiers, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, s'est dit dimanche optimiste quant à la possibilité d'obtenir des monarchies pétrolières du Golfe une aide envers le FMI, dans le but de secourir les pays victimes de la crise financière. "Je pense que les Saoudiens vont contribuer, comme d'autres pays, et que nous aurons un fonds mondial plus important", a déclaré M. Brown à Ryad, en estimant que d'autres Etats du Golfe suivront. Le FMI est déjà venu à l'aide de trois pays --Islande, Ukraine, Hongrie-- et étudie la situation de plusieurs autres: Roumanie, Pakistan, Serbie, Turquie... Le semaine est en Europe à la mobilisation politique avec des réunions lundi et mardi des ministres des Finances de la zone euro et de l'Union européenne, avec en point de mire un sommet des 27 vendredi à Bruxelles.Les grands argentiers du G20 se retrouveront eux à Sao Paulo samedi. Les grandes économies asiatiques montraient également des signes d'inquiètude persistante face aux risques de récession mondiale. La Corée du Sud a annoncé lundi une rallonge de 11.000 milliards de wons (8,5 milliards de dollars) pour son budget 2009 ainsi que des baisses d'impôts, et le Premier ministre chinois Wen Jiabao a estimé lundi que la Chine devait trouver un équilibre entre croissance et lutte contre l'inflation. "La crise financière mondiale et le ralentissement de l'économie empirent", écrit le Premier ministre dans un texte publié par Qiushi, la revue du Parti communiste chinois. La Chine a enregistré un ralentissement de sa croissance, en hausse de 9,0% au troisième trimestre, son plus bas niveau trimestriel en cinq ans.