Trois films arabes, trois sensibilités de réalisateurs, trois regards sur leurs sociétés, que nous avons été voir pour vous. Mardi dernier, le public tunisois continuait à affluer en masse vers les différentes salles de cinéma choisies pour abriter les journées cinématographiques de Carthage, dans sa 22e session. Le public vient nombreux et c'est là un des signes forts des JCC. De leur vigueur et leur popularité Trois films arabes, trois sensibilités, trois regards sur leurs sociétés que nous avons été voir. Tous concourent pour le Tanit d'or dans la catégorie long métrage. Le premier est un film jordanien. Il s'intitule Captain Abu Raed du réalisateur Amin Matalqua. Une histoire attendrissante, celle d'un vieux, contant des histoires d'avion et d'aventures à des enfants. Abou Raed est un gardien solitaire à l'aéroport international d'Amman. Instruit, il possède 2000 livres dans sa bibliothèque. Mais il est toujours là et ne part nulle part, à la différence de Nour, pilote qui deviendra son amie. Le vieux solitaire trouve un jour une casquette et, depuis, les enfants du quartier imaginent qu'il est un grand pilote de ligne. Ne voulant pas les décevoir, il se mettra à leur narrer des histoires jusqu'à ce qu'il se fasse prendre par Mourad, un petit garçon malmené par son père et à qui Abou Raed viendra en aide. Ce film tendre transpose dans la Jordanie contemporaine une fable universelle sur fond d'amitié, d'inspiration et d'héroïsme. Un bon rôle de composition pour ce vieil acteur plein de charisme. Autre bluette au relent fantastique est ce film égyptien d'Ibrahim El Batout. Ein Shams se passe dans un quartier tout aussi défavorisé. C'était il y a fort longtemps, dit ce chauffeur, narrateur dans le film, une des capitales de l'Egypte pharaonique et un endroit sacré marqué par la visite de Jésus et de la Vierge Marie. Une certaine sérénité et nonchalance émanent de ce long métrage. Shams est aussi une fillette de 11 ans vive, mais malade. A travers le regard triste de la fille se jouent le conte et la magie du quotidien. Une mosaïque d'images est déclinée, de sons aussi, et de chants notamment, ces complaintes kurdes en guise d'introduction au film. Un des personnages est un médecin sans frontières et est parti un jour soigner les malades en Irak. Aïn Shmes c'est également ce millionnaire ou ce chômeur, ces fêtes de mariage traditionnel à l'égyptienne...Réalisme, cocasserie, peinture sociale. Poésie et naïveté dessinent le portait de cette Egypte décalée. Rien à voir avec celle complètement stéréotypée des feuilletons télé. On en sort presque rasséréné. Enfin, le dernier film clôturant notre périple cinématographique en soirée est Leila's Birthday du Palestinien Rashid Masharawi. Une coproduction palestino-tuniso-hollandaise. D'où l'importance de cette projection aux JCC, a-t-on souligné. Cette dernière fut, en effet, très émouvante et marquée par la présence des comédiens dont l'acteur principal du film, le Palestinien Mohamed Bakri et la chanteuse tunisienne Latifa Aârfaoui qui mettra l'accent sur l'anniversaire de toute la Palestine à travers ce film. L'histoire de Leila's Birhday se déroule en une seule journée. Abou Leïla est un juge mais conduit le taxi de son beau-frère, en attendant, problème de chômage en Palestine oblige! Abou Leïla fera face, durant toute la journée, à différentes mésaventures et tracasseries. Mais il n'a qu'une seule chose en tête, acheter un gâteau et un cadeau pour sa fille. Ce père de famille aspire à élever tranquillement avec sa femme, sa fille et vivre en paix, dans l'ordre et l'harmonie. Mais la vie n'est pas si simple en Palestine. C'est ce que ce film tend à nous faire comprendre. Le chaos, les bombes, la misère sociale ne sont pas loin. Malgré son côté fleur bleue, ce film est une belle plaidoirie pour la paix en Palestine. Tourné de façon simple et intelligente. D'où les forts applaudissements qui ont ponctué la projection.