Il apparaît donc que cette campagne USA 2008 réveille les citoyens américains avec une prise de conscience concernant leurs médias. La presse américaine est surnommée «Air Force 0»... Interpellé sur les arguments qui ont guidé son journal à soutenir le candidat Barack Obama et les impacts de cette décision sur le vote du 4 novembre prochain, Milton Colleman, rédacteur en chef au Washington Post, a trouvé une parade bien américaine à l´escarcelle d´un Obama trop chouchouté par les médias. Pour justifier la position de son journal par rapport à l'élection présidentielle de 2008, il a avancé que «The Washington Post is a big businessman (Le Washington Post est un grand businessman)». Et puis, le «Washington Post est une partie de la ville de Washington», a encore justifié ce Noir de 1,98 m qui a passé 33 ans de sa vie à travailler pour le prestigieux quotidien américain. L'argument est inattaquable outre-Atlantique dans la mesure où il est insensé, voire injurieux, de reprocher à un Américain de faire du business. Qu'à cela ne tienne, M.Colleman souligne que l'une des principales caractéristiques de la presse américaine est de faire une distinction parfaite entre le commentaire et l'information: «Aux Etats-Unis, le newsroom est totalement séparé du département éditorial. Nous ne savons pas ce qu'ils font et ils ne savent pas ce que nous faisons, c'est pour vous dire que cette position n'aura aucune influence sur le traitement de l'information.» Le responsable du Washington Post qui ne cache pas son admiration pour le candidat Barack Obama est convaincu que «la position du Washington Post, n'aura aucune influence sur les électeurs américains. En revanche, dit-il, c'est la position de Collin Powel, qui lui est un militaire, qui aura un impact sur l'électorat (l'ex-secrétaire d'Etat américain qui est républicain a, en effet, publiquement exprimé son soutien au démocrate Barack Obama Ndlr). J'avoue que moi-même, je lis très rarement ces éditoriaux», a encore confié Milton Colleman qui trouve «cette élection très passionnante». La passion que suscite cette élection est tellement forte qu'elle a complètement éclipsé la guerre en Irak, du fait de la crise financière mais aussi du fait de la participation, pour la première fois, d'un candidat américain d'origine africaine. Le journaliste américain relève également la grande apparition des nouvelles technologies dans cette élection: «Le staff de Obama fait un excellent travail», note à ce propos le journaliste. Depuis quelques semaines, du New York Post au Los Angeles Times en passant par le Washington Post, la presse outre-Atlantique a clairement affiché sa préférence à coups d´éditoriaux. Et dans ce duel symbolique qui l´oppose à John McCain, Obama est sans conteste le «champion». Au total, 134 quotidiens ont pris parti pour le candidat démocrate, contre 52 pour son rival John McCain. Ce qui représente plus de 15 millions de tirages quotidiens. A titre de comparaison, la «compétition» était beaucoup plus serrée en 2004 puisque le démocrate John Kerry avait les faveurs de 213 journaux contre 205 pour George W.Bush. «Le soutien du Washington Post au candidat Barack Obama n'est autre que la tendance globale qui existe actuellement dans cet Etat», nous dit encore Colleman. En d'autres termes, le Washington Post n'a fait que répondre à l'appel des citoyens américains. «Le journal a suivi une tendance globale». Devant l'insistance des journalistes étrangers, le rédacteur en chef du Washington Post déclare: «Nous pensons qu´il est l´homme qu´il faut en ces moments dangereux.» Il apparaît donc que cette campagne USA 2008 réveille les citoyens américains avec une prise de conscience concernant leurs médias. La presse américaine est surnommée «Air Force 0»...