Le grand rendez-vous électoral américain c'est dans trois jours et ici, tous les observateurs s'accordent à dire son importance avérée. C'est dans un contexte bien particulier que les Américains s'apprêtent à aller voter dans trois jours. Crise financière, baisse d'audience de la presse écrite, il y a de quoi faire de ce rendez-vous électoral, un moment historique. Les deux camps tirent leur dernière salve. Ainsi, pour les républicains: «Obama est un grand risque pour l'avenir des Etats-Unis d'Amérique.» A contrario, les démocrates estiment que le choix de McCain «c'est le prolongement de la politique de George W.Bush...» à laquelle la majorité des Américains, même des républicains, selon eux, ne sont plus favorables. L'idéologie républicaine sous George W.Bush a, pour beaucoup d'Américains - à Washington, à New York - entraîné la pensée unique menaçante pour la démocratie. La guerre d'invasion contre l'Irak, en 2003, a été imposée au peuple, soulignent certains, par le mensonge et la manipulation. Les armes de destruction massive n'ont jamais existé. William Burns, sous-secrétaire d'Etat aux Affaires politiques, a été interpellé sur ces sujets, notamment en ce qui concerne la crise financière et l'élection en question. Pour ainsi dire, «la présidentielle 2008 est très particulière, la crise actuelle qui déstabilise l'économie est très conséquente et aura forcément un impact sur l'avenir des Américains», estime-t-on, ici aux Etats-Unis. Au département d'Etat à Washington, M.Burns avait souligné que «Les Américains n'ont pas le monopole de la sagesse» et estimé que «dans l'avenir, tout le monde va découvrir les faiblesses de la première puissance mondiale». Pour que la crise n'ait pas uniquement des retombées négatives sur les dépenses et le pouvoir d'achat des Américains, le sous-secrétaire d'Etat préconise le retour aux valeurs du travail, mais la crise va, d'une manière ou d'une autre, affecter les aides aux pays démunis. Une crise, qui a vu ses prémices lors de l'affaire des «subprimes» dont les retombées constituent un véritable défi pour le prochain président. Les enjeux sont donc majeurs. Concurrence, conflits et coopération, tout est à revoir dans l'intérêt des Etats-Unis. Une recette miracle n'existe pas, mais le choix d'un candidat idéal pourrait changer beaucoup de choses. Aux derniers sondages, Barack Obama a toujours des points d'avance sur John McCain, mais son avance se raccourcit alors qu'il reste trois jours pour le jour «J». Les votes anticipés entamés le 20 octobre semblent favorables à Obama. Ce dernier vient d'acheter une demi-heure de publicité sur toutes les chaînes de télévision américaines, à l'exception de Disney Channel. Un choix qui pourrait se retourner contre lui puisque, quelque part, d'aucuns estiment que le candidat démocrate monopolise les médias. Un fait qui a fait réagir McCain qui n'a pas manqué de faire des compliments au candidat démocrate, comme si celui-ci avait gagné, estimant sans doute que cette présence envahissante du sénateur de l'Illinois sert ses desseins. Or, Obama vient de gagner le coeur des soldats en Irak dont plusieurs d'entre eux ont déjà choisi de voter pour le candidat du changement: «Le candidat du changement espéré par le peuple américain veut mettre fin à la guerre en Irak». Comment McCain va-t-il convaincre les 15 millions d'Américains qui n'ont pas encore fait leur choix, de voter pour lui, sachant qu'Obama est toujours plébiscité par les sondages. Barack Obama a de plus en plus de partisans, et la situation induite par la crise financière avec la récession qu'elle annonce, joue plutôt en faveur du sénateur de l'Illinois. Rencontré à Syracuse, M.Robert McClure, qui a géré les campagnes de plusieurs hommes politiques aux Etats-Unis, a souligné que la carte actuelle de la présidentielle prévoit, sans aucun doute, la victoire du «ticket» Obama-Biden. «Cette carte est exacte, il n'y a aucun doute, et c'est un tournant décisif de voir un Afro-Américain à la tête du pays le plus puissant du monde», souligne M.McClure. Dans les quartiers défavorisés, c'est encore Obama qui est le favori des Américains. Pour beaucoup d'électeurs, la race, la religion et la région sont très importantes. Mais les Américains savent aussi que dans leur pays, le président n'est pas le plus important. En tout cas, pas autant que le Congrès. Le Congrès n'a jamais suivi les ordres du président, par exemple, et donc le problème des Américains, aujourd'hui, comme il a été soutenu, surtout au Texas et à New York, ce sont les Républicains. C'est carrément un traumatisme pour certains. Robert McClure a souligné par ailleurs que même avec Obama, il y aura peu de changement. Mais McCain ne pourra pas gagner, son point de désespoir, il l'a bien exprimé en critiquant, sans réserve, son adversaire, comme d'ailleurs «les 2% d'Américains qui disent ne pas vouloir d'Obama à la Maison-Blanche parce qu'il est noir». Cela dit, la marge de Barack Obama est très grande et les démocrates ont mobilisé 100% d'hommes de couleur pour la campagne de leur favori. Ce qui est sûr, c'est que Barack Obama est de plus en plus estimé, surtout après les menaces dont l'Afro-Américain a fait l'objet. Ce qui a décontenancé les Américains. Ces derniers ont surtout peur pour leur avenir, leur emploi, leur maison. Les républicains à leur tête George W.Bush, ont commis l'irréparable qui les a entraînés dans une situation très critique. Ils disent avoir besoin d'un plan de sauvetage. Le manque de confiance des Américains en leurs dirigeants est flagrant. Paradoxe, le peuple américain reste un peuple isolé, peu informé et mal géré. Un nouveau souffle et une nouvelle ère redonneraient peut-être de l'espoir à ce peuple.