Benboulaïd, Krim, Ben M'hidi et autres avaient le même âge, parfois moins que celui des jeunes harraga, lorsqu'ils avaient décidé, au prix de leur vie, de sacrifier femmes, enfants et parents pour que l'Algérie soit un paradis pour les générations futures. Que reste-t-il encore de l'esprit de Novembre 1954? 54 ans après l'Indépendance, l'esprit de Novembre est-il encore vivace dans la société algérienne? Les aspirations des initiateurs de la guerre de Libération ont-elles été concrétisées en 2008? Ces questions ont été, maintes fois, posées et chacun a tenté d'y répondre. Les concepteurs de la Révolution du 1er Novembre se sont basés sur la résistance à toute forme d'exploitation qui porte atteinte à la dignité humaine. Il y avait aussi ce sentiment profond d'appartenance à cette Algérie et à sa terre. C'est le sentiment de fierté de porter son histoire et de résister au joug colonial. Etre libre ne signifie pas seulement être indépendant. Il s'agit surtout de participer à la construction et l'édification de la patrie. Parmi les objectifs fixés dans la proclamation du 1er Novembre 1954 figure «La restauration de l'Etat algérien souverain, démocratique et social...». Aujourd'hui sommes-nous dans cet Etat social revendiqué par nos aînés? Certes, beaucoup de choses ont été faites, mais elles sont loin de répondre aux attentes des Algériens. Les objectifs de la Révolution n'ont pas tous été atteints, l'Indépendance exceptée, bien évidemment. Il est patent que l'Etat algérien a beaucoup fait, beaucoup réalisé ces dernières années pour satisfaire la population. Cela est-il pour autant suffisant? Chaque époque est marquée par un fléau social. Du «hittiste» au «harraga» en passant par la pauvreté et l'insécurité, la jeunesse algérienne ne manifeste pas le même sentiment patriotique qui a été celui il y a 54 ans, celui de leurs aînés. Benboulaïd, Krim, Ben M'hidi... avaient le même âge, parfois beaucoup moins, que le jeune «harrag» d'aujourd'hui! Ils avaient décidé, au prix de leur vie, de sacrifier femmes, enfants et parents pour que l'Algérie soit un pays libre pour les générations futures. Quel est le souhait de la génération de 2008? Traverser les eaux bleues de la Méditerranée pour rejoindre l'ailleurs. Les jeunes d'aujourd'hui jouent avec leur vie comme ils joueraient au poker. Acceptant de traverser la mer à bord d'embarcation de fortune plutôt que de rester dans un pays où les portes de l'espoir se sont fermées les unes après les autres. Vivre ou mourir, c'est la même chose. C'est toute la différence avec les Didouche Mourad, Ahmed Zabana, Amirouche, Si El-Houass et autres héros de la Révolution. Ils devaient leur servir d'exemple. Mais cette génération connaît-elle ces hommes qui ont sacrifié vie et famille pour un idéal: libérer la patrie? Le sentiment de fierté d'appartenir à cette Algérie n'est pas partagé de la même manière. La guerre de Libération qui a été sacralisée, n'est plus ce symbole qui rassemble. A qui la faute? Aujourd'hui, les mairies et les sièges de wilaya abritent de nombreuses festivités pour fêter le 1er Novembre. Malheureusement, les jeunes ne s'y rendent pas. La fracture! Est-ce le désamour avec la patrie? Même la matière grise algérienne profite aujourd'hui à d'autres pays tels que la France, les USA, le Canada... Elle est un peu partout dans le monde, sauf là où elle aurait dû le plus servir... l'Algérie! La génération d'aujourd'hui est frustrée. Les années passent et cette date phare du 1er Novembre est célébrée dans l'indifférence. Pourtant, l'Algérie rêvée par Ben M'hidi reste à construire.