Les analystes n'hésitent pas à comparer l'utilisation du Net par Obama avec la façon dont Kennedy a pour la première fois, utilisé la télévision dans une campagne électorale: «Obama peut être le John Kennedy de l'Internet», disent-ils. L'élection présidentielle américaine sera historique non pas parce qu'il y a un Afro-Américain qui y participe pour la première fois, mais par l'engouement que suscite ce rendez-vous au sein de la jeunesse américaine. Toutes les prévisions des médias et instituts de sondage laissent croire qu'il y aura un tsunami de jeunes votants dont l'âge varie entre 18 et 29 ans. L'Expression s'est immergé pour ses lecteurs dans la société américaine. A Cedar Rapids, Des Moines, deux régions au fin fond de l'Iowa, le journal est parti à la rencontre des jeunes et étudiants à «Drake University» pour entendre leur vision sur les deux candidats. Comme dans toute démocratie, le droit de vote est un des privilèges fondamentaux dont jouissent les citoyens. Aux Etats-Unis, tout résident de nationalité américaine, âgé d´au moins 18 ans, jouit de ce droit. Pour ceux qui votent pour la première fois, cet acte revêt une importance insigne. Ils exercent ainsi un droit qui leur est accordé par la Constitution et participent, ce faisant, au processus décisionnel politique. Avec l´élection le 4 novembre prochain du 44e président des Etats-Unis, la page Bush, sera ainsi tournée. L´élection d´un métis démocrate à la Maison-Blanche, serait un événement historique. Mais le taux de participation est également un des facteurs- clés de ce scrutin. Si les jeunes, majoritairement favorables à Obama, se mobilisent plus que d´habitude, certains Etats clés pourraient basculer du côté démocrate. Katite Coomir, 23ans, native de Kansas City penche pour le candidat républicain «Je vais voter pour le républicain McCain pour la simple raison que ma famille est conservatrice» indique-t-elle. Pour elle, si Obama gagne, ce sera parce que les gens pensent que le sénateur McCain est le duplicata du président Bush, «or c'est totalement faux, McCain n'est pas Bush», s'emporte notre interlocutrice. Katite ne déteste pas Obama en tant que personne, «ce sont ses idées qui ne me plaisent pas», affirme-t-elle. Christy Wahmer, qui fait des études en journalisme, trouve la prochaine élection présidentielle très particulière du fait de la présence d'un candidat afro-américain. Mais étant issue, elle aussi, d'une famille conservatrice, cette Américaine de 18 ans ne s'est pas complètement séparée de ses parents du point de vue idéologique. Pour le premier vote de sa vie, elle opte pour McCain car elle a été élevée au sein d'une famille conservatrice. Ce n'est pas la simple raison, elle en a une autre, une raison plus américaine que conservatrice: «Ce que je n'apprécie pas chez le candidat démocrate c'est cette idée de vouloir distribuer la richesse, c'est du socialisme et nous, en Amérique, nous détestons le socialisme», dit-elle. Le fait même d'évoquer l'idée du socialisme fait peur aux Américains, c'est la phobie de tout ce qui ressemble au rouge. C'est une hérésie qu'il faut combattre au Etats-Unis. Cette carte a été jouée à fond par John McCain qui tente de réveiller chez les Américains le «Red Scare» (la peur du rouge) en affirmant que le programme économique des démocrates s'inspire du socialisme. Le danger du drapeau agité par les démocrates ne semble pas prendre chez la jeunesse américaine. Selon le centre d'information, de recherches et de la participation civile, le nombre de ceux qui ont participé aux primaires de 2008, dont l'âge se situe entre 18 et 29 ans, a été le double de celui de l'année 2004, voire, dans certaines régions le triple. Le parti démocrate est presque certain de récolter ces voix. Pour Zach Beaman, 18 ans, c'est la première fois qu'il vote et il veut du changement en Amérique et donc son choix est tout indiqué: «Je voterai pour le candidat Obama», lance-t-il avec fierté, un badge portant le portrait du candidat accroché à son sac à dos: pour lui l'Amérique est prête pour un président noir, pour tout, pour le changement, pour un candidat africain, asiatique, métis et toutes les autres races, pourvu qu'il y ait du changement. «Tous les jeunes électeurs seront pour Obama car McCain n'a jamais supporté les jeunes» selon Zach. Germaine Grégori, un Noir de 23 ans étudiant en biologie dit qu'il a déjà voté et ne cache pas son choix qui est Obama. Pour lui, McCain sera le futur Bush donc cela ne servira à rien de faire l'élection si c'est pour élire le même candidat. Incroyable est l'attrait qu'exerce Barack Obama, la nouvelle étoile de la politique américaine, sur la jeunesse. Avec la candidature du sénateur Obama, les jeunes qui ne s'intéressaient pas particulièrement à la politique, se sont mobilisés par millions. La clef de cet engouement tient à deux raisons principales: Obama prône le changement et donc de tourner la page des huit années de règne de George W.Bush, ensuite il y a l'utilisation massive de l'Internet. Un outil particulièrement jeune. Le sénateur de l'Illinois a tapé exactement là où il faut en ces moments de doute chez les citoyens américains. Ray Avery, âgé de 23 ans, étudiant à l'Université de Drake, exprime bien cette situation et ce désir de changement chez la jeunesse américaine. Athlétique, Ray vient du Wisconsin, le 30e Etat de l'Union situé au nord-est des Etats-Unis. Le sénateur de l'Illinois a tapé exactement là où il faut Peuplé de près de 5 millions d'habitants, ce vaste territoire a été d'abord habité par des colons allemands, scandinaves et suisses. Ray fait partie de leur descendance à voir sa physionomie, mais il a tout d'un admirateur du candidat démocrate. Ses raisons sont d'une limpide logique: «On a essayé pendant huit années le chemin de George W.Bush qui est celui de McCain, maintenant, il est temps de changer, d'essayer autre chose, c´est-à-dire l'alternative Barack Obama.» Ray ne cache pas ses idées: «Il y a quatre ans, j'ai voté pour George W.Bush et je n'appartiens ni au parti républicain ni au parti démocrate» étonnant, quand il ajoute: «Mes parents sont des républicains mais cette fois ils ont décidé de voter pour le candidat démocrate et cela à cause de Sarah Palin qu'ils n'aiment pas.» Candidat chouchou de la jeunesse, Barack Obama devra ainsi compter avec un électorat jeune, jusque-là abstentionniste. Il a fait de la mobilisation de cette jeunesse l'enjeu central de sa campagne. Dramatisation des enjeux, un style très rhétorique dans les meetings et surtout l'utilisation massive de l'Internet durant sa campagne électorale. Selon différentes sources, l'équipe de campagne dispose d'un fichier d'environ 15 millions d'adresses e-mail. Un véritable arsenal de guerre, un trésor de campagne. Par ce biais, l'équipe d'Obama entretient un contact direct, une proximité avec son électorat et évite toute dénaturation du discours officiel. Les informations sont délivrées en temps réel et sans le prisme déformant des médias. Grâce à cette technique, Obama a fait la différence avec sa rivale démocrate, Hillary Clinton, lors des primaires. La même arme risque d'abattre le candidat républicain, John McCain. L'utilisation «hors normes» des nouvelles technologies dans la campagne a permis à Obama de garder une longueur d'avance sur son rival. Les analystes n'hésitent pas à comparer l'utilisation du Net par Obama avec la façon dont Kennedy a, pour la première fois, utilisé la télévision dans une campagne électorale. «Obama peut être le John Kennedy de l'Internet». Tim Gamdaughlin, 18 ans, qui votera pour la première fois veut se faire entendre. Il veut aussi le changement et selon lui, «Barack Obama va apporter ce changement dont a besoin la jeunesse américaine et nous sommes une grande majorité». Voilà donc une jeunesse qui croit au changement et qui veut se faire entendre par la voix des urnes. Quelle que soit l'issue de cette élection, le fait est à méditer.