Arcelor Mittal annonce une réduction de 30% au lieu des 15% sur l'ensemble de ses sites à travers le monde. L'accord survenu entre la direction et les salariés d'Arcelor Mittal de Annaba sera-t-il remis en cause? Annoncé, lundi dernier, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III, il devrait garantir l'emploi et les acquis sociaux de quelque 8000 employés. Alors que la crise économique frappe de plein fouet le secteur de la construction automobile et, par conséquent, celui de la production de l'acier, et afin d'éviter tout licenciement, Arcelor Mittal de Annaba a mis en place une stratégie de préservation de l'emploi qui consiste en une «rationalisation des dépenses» draconienne. Elle vise essentiellement les charges liées à la maintenance industrielle, la prestation des services, les heures supplémentaires et les frais occasionnés par les déplacements à l'étranger. Ces mesures risquent de paraître bien fragiles à côté de la férocité qui anime la récession de l'économie mondiale qui ne semble encore avoir montré que le bout de son nez. Le leader de la sidérurgie mondiale est, aujourd'hui, frappé de plein fouet par l'essoufflement de l'économie mondiale. La demande en acier s'en trouve terriblement affectée, y compris celle en provenance des pays émergents. Pour ne rien arranger et pas plus tard qu'hier, son action cotée en Bourse dévissait de 11% pour afficher 21,64 euros. «Nous restons optimistes sur les perspectives de l'industrie à moyen terme, mais il est approprié de faire une pause dans notre stratégie de croissance jusqu'à ce que les perspectives économiques se stabilisent», avait déclaré, dans un communiqué, le président-directeur général du groupe, Lakshmi Mittal. La situation semble s'être plutôt détériorée. Comment, en effet, interpréter ou comprendre les mesures drastiques que vient de décider le patron d'Arcelor Mittal? Le plan d'économie du groupe vient d'être relevé à 5 milliards de dollars, alors que la réduction de sa production mondiale a été revue à la hausse. Elle passe de 15 à 30%, c'est-à-dire du simple au double. Ce remède de cheval ne semble pas pourtant porter ses fruits, puisque le titre du numéro un mondial de la sidérurgie a chuté de manière plutôt brutale. Le 6 juin, sa cotation en Bourse établissait un record historique en atteignant 67,79 euros. Depuis, la capitalisation boursière du géant mondial de la sidérurgie a fondu comme neige au soleil. Elle a perdu plus de 67%. La croissance mondiale, qui devrait progresser d'à peine 1,3% en 2009, n'est pas annonciatrice de jours meilleurs. Ce taux de croissance est, en effet, le plus faible depuis plus d'un quart de siècle (1982). Numéro un mondial de l'acier, Arcelor Mittal produit quelque 130 millions de tonnes par an, soit environ 10% de la production mondiale. L'usine d'Arcelor Mittal de Annaba, avec une production d'environ 1,2 million de tonnes par an, se situe à la traîne du groupe où elle occupe la peu reluisante dernière place. Il constitue, sans conteste, le maillon faible du groupe. Le 30 octobre, Arcelor Mittal avait annoncé, à la suite de la baisse des commandes des constructeurs automobiles, qu'il arrêtait pour au moins six mois «une douzaine» de hauts-fourneaux qui se trouvent en Europe, dont trois en France. Qu'en sera-t-il en Algérie? La crise, qui continuera sans doute à sévir, poussera-t-elle la direction du groupe à mettre à exécution le plan social dénoncé en août 2007 par le syndicat du complexe sidérurgique de Annaba? Ce plan prévoyait la suppression de 5200 emplois avant la fin de l'année 2008, assortie d'une prime individuelle de 6000 euros. L'heure de vérité, pour ne pas dire le glas, a-t-elle sonné pour ce qui fut le fleuron de la sidérurgie algérienne?.