Messaoud Chettih, le dernier président directeur général de Sider, semble être toujours au fait de la crise qui touche son ancien complexe. D'autant que l'unique complexe sidérurgique en Algérie et au Maghreb, l'usine d'Arcelor Mittal El Hadjar semble exposée aux retombées de la crise mondiale financière. La dernière décision issue d'une réunion entre la direction générale et le syndicat de rationaliser au maximum les dépenses du complexe en est un signe révélateur. Dans cet entretien accordé à El Watan, Messaoud Chettih en véritable connaisseur des arcanes du monde sidérurgique étale sa vision sur la situation de son ancien complexe. Optimiste, il déclare que l'impact n'est pas aussi grave. Quelle est votre impression sur la situation actuelle que vit le complexe Arcelor Mittal El Hadjar par rapport à la crise mondiale financière ? Il faut savoir d'abord que l'usine d'El Hadjar est le dernier complexe d'un long chapelet d'usines implantées à travers 60 pays. Bien que l'impact existe, les retombées ne sont pas outre mesure graves sur la situation économique de l'Algérie. Je m'explique. Notre pays ne dispose pas d'industrie automobile. L'inox est une industrie qui connaîtra, dans les jours à venir, une importante baisse allant jusqu'à 50%. Mais notre pays ne présente pas une forte demande. Donc, les répercussions sont minimes. Cependant, là où notre marché national affiche une demande importante en rond à béton, Arcelor Mittal demeure faible en production. Elle couvre difficilement les 20% des besoins nationaux. Le reste est importé. J'ajoute que la production annuelle du complexe n'a jamais dépassé le 1,2 million de tonnes d'acier. Alors qu'on a toujours annoncé une capacité théorique de production d'acier de 1,8 million. Comment expliquez-vous cette nuance ? La production en acier d'Arcelor Mittal n'est que de 147 t/an par agent, alors que dans d'autres pays, elle varie entre 500 t et 1000 t/an par agent. Arcelor Mittal Annaba, complexe sidérurgique intégré dont 70% par le géant indien et 30% des actions détenues par Sider, est confronté à des problèmes structurels, organisationnels et d'ordre interne. L'alimentation en énergie est un autre problème auquel se heurte le complexe. En matière d'investissements dans la maintenance des équipements, ni Arcelor Mittal ni l'Etat n'ont fait des progrès considérables. En Algérie, seulement 3 dollars par tonne d'acier ont été investis sur les 20 dernières années, soit 6 millions de dollars en 2 décennies. Voilà les principales difficultés qui freinent le décollage de ce complexe sidérurgique. Donc, l'Algérie est épargnée de la crise que connaît actuellement le groupe de l'indien Lakshmi Mittal ? Au contraire, le marché national devrait profiter de l'annonce de la baisse des prix du rond à béton. Au début de la crise mondiale financière, Arcelor Mittal a bien résisté, car la demande d'acier et les prix restaient fermes. Désormais, les prix sont orientés à la baisse et le groupe indien est obligé de réduire sa production sur plusieurs sites. Cela est consolidé par la fermeture temporaire de 13 haut fourneaux dont un à Annaba. L'annonce concernant le blocage de la stratégie de croissance du groupe Arcelor Mittal concernera-t-elle le projet de l'aciérie de Jijel et le gisement de Gara Djebilet et Mechri Abdelaziz ? Je ne pense pas que cet important investissement soit concerné par cette mesure. Il est presque à la phase finale de sa concrétisation. Les négociations suivent leur cours normal entre l'Etat et Arcelor Mittal Annaba. Quant à celui de Gara Djebilet, il n'a toujours pas dépassé le stade des études. D'ailleurs, l'approvisionnement en minerais et son acheminement à partir des mines d'El Ouenza vers l'usine du complexe (moins de 200 km) posent problème, alors que pour celui de Gara Djebilet cela nécessite un très lourd investissement.