Présidé par le Brésil, le G20 concentre 85% du PIB de la planète et les deux tiers de sa population. Les pays émergents continuaient hier leurs discussions avec les pays développés à São Paulo pour renforcer leur poids dans la gouvernance économique mondiale, alors que la tourmente financière continue de menacer les établissements financiers et l'économie mondiale. Lancées samedi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, les discussions entre ministres des Finances et gouverneurs de Banques centrales des pays du G20 ont été qualifiées de «très productives» par les Etats-Unis. Le sous-secrétaire au Trésor pour les Affaires internationales, David McCormick, a jugé que Lula avait «présenté un panorama constructif des défis auxquels nous faisons face et de la nécessité pour les pays développés et en voie de développement de travailler ensemble pour répondre à ces défis». Présidé par le Brésil, le G20 concentre 85% du PIB de la planète et les deux tiers de sa population. Il rassemble sept économies avancées (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni), l'Union européenne et les principaux pays émergents (Afrique du Sud, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Mexique, Russie et Turquie). Les pays émergents, notamment les géants de l'exportation aux liquidités immenses, veulent maintenant peser davantage sur la conduite des affaires du monde. «Il s'agit d'une crise mondiale qui exige une réponse mondiale. C'est le moment de formuler des propositions pour un changement réel dans l'architecture financière mondiale», a assuré Lula, qui a demandé un rôle accru pour les pays émergents dans la gouvernance économique mondiale. «Nous avons besoin de moderniser le système multilatéral pour que d'importants pays en développement comme le Brésil puissent faire entendre leur voix», a déclaré samedi le président de la Banque mondiale (BM), Robert Zoellick. Il a ajouté que «dans les deux ans, on verrait de vrais changements dans le système mondial». La réunion à São Paulo (est du Brésil) doit préparer le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du G20 du 15 novembre à Washington, convoqué d'urgence par le président américain George W.Bush sous la pression des Européens. Tirant les leçons de la crise financière, les pays y réfléchiront aux moyens de mieux réguler la finance et aux possibilités de coordonner des plans de relance pour remettre l'économie mondiale sur la voie de la croissance. Illustrant le poids croissant des pays riches émergents, l'Islande, en plein naufrage financier, a demandé l'aide de la Chine, après avoir négocié le mois dernier avec la Russie. «J'ai écrit au Premier ministre chinois, mais nous n'avons pas encore reçu de réponse», a indiqué samedi le Premier ministre islandais Geir Haarde, précisant qu'il n'avait pas demandé de montant particulier. «Nous sommes ouverts à tout, dans de telles conditions», a-t-il poursuivi, alors que la devise du pays, la couronne, a perdu plus de 40% de sa valeur depuis le début de l'année et que les trois plus grandes banques ont été nationalisées début octobre. Entre trois et quatre mille personnes ont manifesté samedi à Reykjavik pour demander la démission du gouvernement et des dirigeants de la Banque centrale, et davantage d'informations sur la crise que traverse le pays. La semaine à venir ne s'ouvre pas sous les meilleurs auspices. Selon le Financial Times, le premier assureur américain, AIG, discute avec l'Etat d'un nouveau plan de sauvetage, le prêt géant de 85 milliards de dollars qui lui a été accordé en septembre se révélant insuffisant pour assurer sa survie à long terme. Aux Etats-Unis, où le président élu Barack Obama a appelé à des mesures urgentes pour faire face à la crise économique, les démocrates se mobilisent pour sauver le secteur automobile menacé de faillite à court terme.