Abdelaziz Bouteflika et le souverain hachémite, qui est en visite en Algérie depuis hier, tenteront d'y remédier. Le roi Abdallah II a été l'hôte d'un déjeuner officiel, hier, offert en son honneur par le président de la République. Les deux hommes ont eu un tête-à-tête. Les entretiens seront toutefois, élargis aux membres des délégations des deux pays. Le roi de Jordanie est arrivé à la tête d'une imposante délégation. Ce qui augure certainement de la densité qui particularisera les différents accords qui seront conclus dans de nombreux domaines. La Commission mixte, créée en 1996, ne semble pas avoir donné le tonus nécessaire à des relations algéro-jordaniennes qui semblent plutôt caractérisées par un flagrant déséquilibre. En dépit des nombreux accords signés entre les deux Etats, le volume des échanges commerciaux demeure loin des objectifs que se sont assignés les responsables des deux pays. Les exportations jordaniennes vers l'Algérie sont estimées à quelque 80,6 millions de dollars en 2007. En retour, l'Algérie n'exporterait que l'équivalent de 2 millions de dollars, selon une source qui s'est confiée à l'APS. Le déséquilibre est flagrant, surtout que ces exportations ne sont constituées que des produits sidérurgiques, et quand l'on sait à quel point le secteur de l'industrie est moribond, il est bien difficile pour les exportations algériennes de croire en des jours meilleurs en Jordanie. La sidérurgie mondiale est en crise. Les échanges commerciaux doivent s'accroître dans de nouveaux domaines. Le secteur de la santé, en particulier celui du médicament, constitue la colonne vertébrale de la coopération entre les deux pays. Neuf laboratoires jordaniens dont certains en partenariat avec Saidal, produisent des médicaments en Algérie. L'activité pharmaceutique en Jordanie est en plein essor. Elle occupe la seconde place en termes de rentrées de devises. Le laboratoire pharmaceutique jordanien Al Hikma, à travers sa filiale Trust Pharma, a posé la première pierre de son usine de fabrication à Staouéli, en septembre 2003. C'est l'une des pièces maîtresses de la coopération algéro-jordanienne dans le domaine de la production de médicaments en Algérie. L'enveloppe financière de cet investissement stratégique a été estimée à quelque 7,5 millions de dollars, il y a maintenant cinq ans. Ce projet devait servir de tremplin pour la conquête des marchés du médicament européen et africain. En dépit de ce challenge, les échanges commerciaux ne reflètent pas les véritables possibilités d'une coopération économique attestée par les richesses des deux pays. Et cela est parfaitement illustré par les déclarations du ministre des Affaires étrangères jordanien qui avait été reçu, en février 2006, par le président de la République. M.Abdel Ilah Khatib avait salué «la volonté du Président Bouteflika de développer les relations algéro-jordaniennes et d'améliorer la situation dans le monde arabe». Le chef de l'Etat aura à coeur de donner à la coopération avec le Royaume hachémite toute la dimension qui lui revient.