«Apulée et saint Augustin s'exprimaient en latin, mais pensaient en Amazighs», a indiqué Chems Eddine Chitour. Aussi loin que l'on remonte dans le temps, l'Afrique du Nord a toujours été le terroir des Amazighs. Leur histoire est étroitement liée à celle des différents occupants qui se sont succédé sur leur terre. Cette histoire faite de périodes de guerre comme de paix, a brassé dans son giron les différents apports de part et d'autre qui ont permis, certainement, au monde amazigh d'évoluer. Les apports sont, donc, réciproques, même si le monde amazigh a beaucoup diversifié la réception des apports à l'image de la diversité des occupants, il a aussi donné et contribué, à sa manière, en donnant aux autres ce qu'il a de savant relevant de son génie. C'est dans cette optique que s'est ouvert hier à la salle Ibn Zeïdoun, (Alger) un colloque intitulé «L'apport des Amazighs à la civilisation universelle», à l'initiative du Haut commissariat à l'amazighité (HCA). Après avoir été délocalisé de la Bibliothèque nationale du Hamma (Alger) pour des raisons techniques d'après les organisateurs. ce changement de dernière minute qui n'est pas négligeable, mérite certainement d'être cité, pour dire que tamazight est toujours au fond du tunnel. Toutefois, cela n'est pas une raison de baisser les bras après tant de sacrifices. «La problématique de ce colloque s'appuie sur les axes suivants: Aperçu sur l'origine et l'évolution du monde amazigh, la contribution amazighe à la pensée politique, la contribution amazighe à la pensée philosophique et la contribution amazighe aux arts, à la littérature et à la culture», explique le SG du HCA. Le premier à intervenir, Mustapha Qadiry, chercheur à la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc. Il regrette le fait que l'histoire des Amazighs n'a pas encore bénéficié des études qu'elle mérite dans un sens ou les occupants l'ont tissée sur mesure pour neutraliser les autochtones. L'orateur ajoute que thamazight est devenue un élément très important dans la personnalité des Berbères et ces derniers refusent l'agencement, comme en témoigne leur résistance aux invasions vandale, romaine, arabe et turque et les autres. De son côté, Chems Eddine Chitour, professeur au laboratoire de valorisation des énergies fossiles, indique qu'«il peut sembler être une gageure que de parler de la culture amazighe tant les matériaux sont dispersés et les études rares. Et pourtant pendant que l'Europe était encore plongée dans les ténèbres de l'inculture, en Afrique et plus précisément au Maghreb, des nations avec des attribus d'Etats, ´´Massinissa battait monnaie´´ ont vu naître des hommes illustres qui ont permis le rayonnement d'une culture authentique qui a beaucoup emprunté aux cultures des occupants de passage. Apulée et Saint Augustin s'exprimaient en latin, mais pensaient en Amazighs». Dans ce sens, Sabah Ferdi, rappelle que «la littérature latino-chrétienne d'Afrique écrite par des Maghrébins anciens issus des sociétés libyco-berbères, est née dès la fin du IIe siècle après J.-C. Ses représentants sont assez nombreux et sont considèrés comme des écrivains de talent et de valeur tels: Minicius Felix, de Tébessa, Lactance de Khenchela, Optat de Mila, Augustin d'Hippone ou Emeritus de Caesarea. Ces auteurs ont vécu, écrit et pensé en Afrique parmi et pour des Africains. Ils ont raconté, loué, combattu, défendu, enseigné ce qu'ils voyaient autour d'eux. Tous ont laissé dans leurs oeuvres l'empreinte de fortes individualités et un aspect original de la production littéraire latino-chrétienne». Il est à souligner que les travaux du colloque se poursuivent et seront clôturés par un débat de synthèse.