Selon l'ancien membre du Conseil constitutionnel, il s'agit en fait de la fin du bicéphalisme. Acquis démocratiques qui permettront à l'Algérie de sortir la tête de l'eau ou s'agit-il de la «boîte de Pandore»? Les amendements partiels et limités portés à la Constitution, suscitent encore et toujours des interrogations. Intervenant hier sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, Mohammed Bourahla, avocat et ancien membre du Conseil constitutionnel, est revenu sur bon nombre des points ayant trait à cette révision. Comment trouve-t-il cet amendement, notamment l'article 74 dans lequel est abrogé l'alinéa limitant les mandats (deux) à la magistrature suprême du pays? Ces amendements, aussi partiels soient-ils, auront-ils un impact fondamental ou limité? D'emblée, «l'invité de la rédaction» de la Chaîne III de la Radio nationale opte pour les deux hypothèses. L'impact est fondamental, selon Me Bourahla pour ce qui a trait à l'emblème national et l'hymne national, s'agissant de conquêtes de la Révolution du 1er Novembre 1954 et qui demeurent immuables. Peut-on parler d'un enjeu politique chaque fois que l'emblème national est cité? Maître Bourahla estime que la révision dudit article évite que soit posé un problème à l'avenir. Explication: ce dernier ne sera plus défini par la loi comme il l'a toujours été mais par la Constitution. Quant à l'effet limité de la révision, l'ancien membre du Conseil constitutionnel le confirme, se référant à l'article 74 de la Constitution. La révision «partielle» de la Constitution, décidée par Abdelaziz Bouteflika, dont le texte a été voté hier par les deux chambres du Parlement, signifie-t-elle la fin du bicéphalisme? A cette question, Me Bourahla répond par l'affirmative. «Oui», a-t-il dit. Etayant ses dires, il explique que l'article 70 de la Constitution stipule que le président de la République incarne l'Etat dans le pays. Est-ce là une atteinte au multipartisme? «Absolument pas!», répond l'homme de loi. Pour nombre de spécialistes, la création du poste de Premier ministre correspond à un élargissement des prérogatives du premier magistrat du pays. Cela d'autant plus que la Constitution amendée donne au chef de l'Etat la possibilité de nommer autant de vice-Premiers ministres qu'il l'estime nécessaire. Tout en haussant le ton et répondant par un «non!» catégorique, l'ancien membre du Conseil constitutionnel considère que, si élargissement de prérogatives il y a, cela sera sans conteste au titre du Premier ministre. En outre, M.Bourahla ajoutera que la désignation de plusieurs adjoints permettra au Premier ministre de mieux organiser son agenda. Par ailleurs, il y a lieu de préciser que l'amendement de la Constitution, relatif aux droits politiques des femmes, est une «consécration d'une dynamique déjà enclenchée». La présence de la femme dans les Assemblées locales, de wilaya ou nationale est primordiale. A ce propos, Me Boudjemaâ Ghechir, président de la Ligue algérienne pour les droits de l'homme (Ladh), a précisé que cette avancée est formidable. «Cependant, ce qui pose problème, c'est le fait de l'institutionnaliser à travers un amendement de la Constitution.» Si Me Bourahla affirme que les amendements ont mis fin au bicéphalisme, est-il du même avis quant à la fin des quotas? «Il serait difficile de répondre», s'est-il contenté de dire. Et d'ajouter: «Appliquer la loi organique sera d'une réelle difficulté...»