L'Organisation des pays exportateurs de pétrole est préoccupée: le prix du baril de Brent est descendu à 50,60 dollars jeudi. Les pays membres de l'Opep ont décidé de tenir une réunion extraordinaire le 29 novembre dans la capitale égyptienne. «Nous confirmons la réunion du Caire», a laconiquement déclaré un porte-parole du cartel depuis le siège de l'organisation à Vienne en Autriche. Les prix de l'or noir qui ont flirté jeudi avec la barre symbolique des 50 dollars, ont déclenché une alerte longtemps repoussée. Sur le New-york mercantile Exchange (Nymex), le baril de «Light Sweet Crude» qui avait plongé jeudi pendant les échanges électroniques à 54,67 dollars, a rebondi légèrement pour terminer la séance à 58,24 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord a fait un spectaculaire plongeon ne s'arrêtant qu'in extrémis au-dessus des 50 dollars. 50,60 dollars très exactement. Le baril de pétrole est tombé à un prix qu'il n'avait plus affiché depuis le mois de mai 2005, soit plus de 3 ans. Le baril de pétrole qui ne cesse de jouer au yo-yo depuis qu'il a entamé sa dégringolade, l'été dernier, a fini par jouer avec les nerfs des pays producteurs et en particulier ceux de l'Opep. La première réduction de leur production de 1,5 million de barils par jour, décidée le 24 otobre 2008 à Vienne, est restée vaine et d'aucune efficacité pour enrayer l'hémorragie des prix de l'or noir. «L'annonce de cette seconde réunion extraordinaire semble toutefois avoir eu un léger effet sur le marché si l'on se fie aux déclarations de certains experts. Le prix du baril s'est ressaisi suite à l'annonce par l'Opep qu'elle allait se réunir au Caire pour discuter de sa production», a déclaré Adam Sieminski de la Deutsche Bank. A moins que cela soit la réaction iranienne, un des «faucons de l'Opep» qui ait légèrement boosté le baril de pétrole. «Face à la chute des prix et à l'instabilité du marché, l'Iran soutient une baisse de la production», a indiqué Mohammad Ali Khatibi hier, le représentant iranien auprès de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Une déclaration rapportée par l'agence de presse iranienne «Mehr». La réunion du Caire présente une opportunité pour «échanger des idées sur le marché pétrolier et pour préparer toute nouvelle décision de l'Opep lors de sa prochaine réunion prévue le 17 décembre à Oran en Algérie», a ajouté le responsable iranien. Si l'on se fie aux déclarations du président de l'Opep, l'on doit se diriger tout droit vers une seconde réduction. En effet, Chakib Khelil n'avait-il pas lors du forum d'El Moudjahid affirmé que «nous avons toujours dit qu'un baril de pétrole entre 70 et 90 dollars était raisonnable. S'il continue à chuter, il y a une forte probabilité pour qu'il y ait une nouvelle réduction». Tous les facteurs convergent vers une seconde baisse de la production des pays membres de l'Opep. Le prix du baril de pétrole n'arrive pas à se hisser à l'intérieur de la fourchette des 70-90 dollars. Il aurait plutôt tendance à retrouver le niveau qu'il avait atteint en 2005, c'est-à-dire 55 dollars. La détérioration de la demande mondiale de pétrole a été confirmée par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans son rapport d'octobre. Elle ne devrait croître que de 100.000 barils par jour d'ici la fin 2008 et de près de 400.000b/j en 2009. Des prévisions qui n'augurent pas de jours meilleurs pour le marché pétrolier. «D'autres baisses de prix jusqu'à même 30 dollars le baril, sont envisageables dans les prochains mois», pronostique Julian Jessops de Capital Economics. Passer du rêve au cauchemar c'est ce que redoutent les pays membres de l'Opep, le syndrome de la crise asiatique de la fin des années 90, lorsque les prix de l'or noir ont atteint les 10 dollars, est encore dans tous les esprits.