Spectacle le plus prisé, le plus unificateur, bien plus que les discours des plus grands politiciens. Pendant un mois, rivés devant les écrans, oubliant les conflits et les différences de race, de religion, de situation sociale, d'opinion, les yeux de l'humanité seront braqués sur la grande fête du sport-roi que le pays du Soleil Levant accueille pour la première fois de l'histoire. Une fête où l'Afrique sera représentée par cinq équipes, le Cameroun champion d'Afrique en titre, le Sénégal révélation de l'année, le Nigeria, l'Afrique du Sud et la Tunisie. Cinq équipes aux ambitions antagonistes, mais dont tout un continent attend un exploit historique dans la perspective de l'organisation du mondial de 2010. C'est des espoirs, des ambitions démesurées, diront les plus pessimistes, mais qui restent légitimes au vu de la qualité atteinte par le football africain. Une coupe du monde reste un évènement historique dans la vie d'un footballeur. Et même si l'on ne part pas favori, on n'y participe pas avec une «tête d'enterrement». Sur ce point, le champion d'Afrique en titre, le Cameroun, est bien paré à toute épreuve, même si l'effet de surprise n'est plus de mise comme ce fut le cas en 1982. Depuis l'épopée des Milla, N'Kono and colle Cameroun est devenu un adversaire craint et attendu de pied ferme à chacune de ses sorties comme l'atteste ses deux dernières sorties contre l'Angleterre (2-2) et l'Argentine (2-2). Les Lions indomptables ont les moyens de rugir au pays du petit matin et du Soleil Levant. Un lever de soleil que les Super Eagles du Nigeria peuvent contempler des hautes cimes qu'ils comptent atteindre. Révélation du mondial 1994 et confirmant en 1998, le Nigéria avec sa constellation de stars évoluant dans les meilleurs clubs européens se doit de confirmer la montée du football africain. La tâche ne sera guère une sinécure dans un groupe appelé «groupe de la mort». Une «mort» qu'on ne souhaite pas aux représentants africains dès le premier tour, en dépit de la présence du favori, l'Argentine, l'Angleterre et la Suède. Le troisième n'est autre que le Cendrillon de l'épreuve. Révélation de l'année, le Sénégal a ébloui tout son monde en décrochant le billet aux dépens des grandes Nations du football africain. Après un tour préliminaire contre le Bénin, le Sénégal a brûlé la politesse au Maroc, l'Egypte, l'Algérie et la Namibie en se classant premier du groupe C avec 4 victoires, 2 nuls et 1 défaite, 14 buts marqués contre 2 buts encaissés. En outre, le Sénégal aura l'honneur d'ouvrir le bal face au tenant du titre, la France. Dans une rencontre franco-Française, les coéquipiers de Hadji Diouf ne se sentiront pas dépaysés. Cet optimisme n'est pas valable pour la Tunisie qui a connu ces derniers temps quelques perturbations. Aussi la défection du gardien El-Ouar risque de peser lourdement sur le rendement des Tunisiens. Alors que les Bafana-Bafana de l'Afrique du Sud devraient retrouver leurs marques devant des équipes au style latin, l'Espagne, le Paraguay et la Slovénie. De ces cinq représentants le continent africain, le Cameroun et le Nigéria restent les plus susceptibles de créer la surprise. En effet, l'Afrique veut sortir de son rôle de figurant pour jouer crânement ses chances et se présenter en conquérant.