La Coupe du monde est là. Elle débute demain en Allemagne qui, comme l'exigent la tradition et l'expérience cumulée, magnifiera à sa manière l'événement phare de cette année. Mais c'est aussi le plus planétaire de tous les spectacles, le plus prisé sans doute, celui qui électrise le globe dans son arène télévisée, qui survient dans un contexte mondialisé où l'on ne se fait guère de cadeaux. La récente et brûlante polémique née de la non-retransmission sur le petit écran algérien des matches et le diktat des détenteurs des droits télévisuels renseignent sur les vilénies actuelles et à venir. On est loin des valeurs originelles du sport censé rapprocher les peuples, quels que soient leur race ou leur continent. Aujourd'hui, il faut bien admettre que les choses ont drôlement changé. Le foot est devenu un curieux mélange de business et de politique. Si la FIFA est prompte à sanctionner toute ingérence étatique dans la gestion des organismes nationaux de football, sous le fallacieux prétexte que les fédérations sont apolitiques, elle ne s'empêche pas de faire de la politique comme, par exemple, fermer les yeux sur cette sommation des organisateurs à M. Ahmadinejad, président de l'Iran, considéré persona non grata en Allemagne où son équipe est appelée à évoluer. Sur un autre plan, un dispositif sécuritaire impressionnant a été mis en place pour déjouer toute velléité terroriste. Au registre des performances, si la prédominance est toujours l'apanage des puissants, il demeure que, l'espace de quatre semaines, les parias et les laissés-pour-compte qui composent la majorité des potentiels téléspectateurs trouveront là un formidable exutoire qui leur fera oublier momentanément leur quotidien et leurs misères. Les regards seront braqués sur le spectacle et uniquement sur le spectacle. Bien sûr, il y a les puristes qui vous diront que le foot a perdu de son innocence, otage qu'il est de gros intérêts financiers et du star-système qui finira bien un jour par broyer ses propres manipulateurs. Les scandales courants qui frappent au cœur même de la « vénérable » institution footballistique sont là pour nous édifier sur la grande incertitude du sport. Mais laissons le spectacle se dérouler sous nos yeux. S'il ne nous fait pas oublier toutes ces frasques, il nous fera au moins rêver. Alors rêvons.