Ayant connu des invasions multiples, la capitale des Hammadites reste un exemple parfait des échanges sur l'interculturalité. Le colloque international, ouvert mercredi au campus Aboudaou, sur l'interculturalité et ses enjeux pour les pays du Sud s'est achevé le jeudi soir. Deux jours durant, les questions des échanges culturels, de leur impact sur l'économie, mais aussi d'échanges d'expériences ont été au centre des préoccupations. Des conférences, animées par des personnalités de tout premier plan ont été données avec au bout des recommandations. Lors de son allocution d'ouverture, le recteur de l'université Abderrahmane-Mira a plaidé pour un renforcement des valeurs de tolérance et de paix à l'image des celles qui ont toujours caractérisé la ville de Béjaïa et de sa région. De son côté, le président de l'APW de Béjaïa s'est positionné pour «un contrat politique et social entre le Nord et le Sud». En d'autres termes, M.Ferhat visait l'aspect politique d'une solidarité agissante des nations occidentales avec les forces démocratiques nationales. Organisé à l'initiative de la faculté des lettres et des sciences humaines, cette manifestation était une opportunité d'envisager avec un certain élan les notions de paix et de solidarité. Ville ouverte ayant connu des invasions multiples, Béjaïa reste un exemple parfait des échanges interculturalités. D'abords les Phéniciens puis les Romains, les Arabes et enfin les Français, autant de peuples que les Berbères ont eu à côtoyer tout au long d'une histoire jalonnée de guerres mais aussi d'une paix, même éphémère. C'était aussi autant d'échanges ayant forgé chez le peuple une culture de paix, de tolérance mais aussi de liberté. Ibn Khaldoun, Ibn Toumert et Raymond Lulle, pour ne citer que ceux-là, étaient les artisans d'une culture de paix qu'ils ont véhiculée à travers leurs cours. Des conférences et des débats ressort l'idée selon laquelle toute culture est, fondamentalement, pluriculturelle et se construit grâce au contact entre différentes communautés de vie qui apportent leurs façons de penser, de sentir et d'agir. «Il est évident que les échanges culturels ne produisent pas tous les mêmes effets ni conséquences, mais c'est à partir de ces contacts que se produiront le métissage culturel et l'hybridation culturelle...», précisait-on en substance. Une culture ne peut évoluer que grâce au contact avec d'autres cultures. L'interculturalité, c'est la rencontre et le respect. L'interculturalité suppose l'existence d'une relation entre les personnes qui appartiennent aux différents groupes culturels, c'est un concept plus ample que le simple fait «pluriculturel». Toutefois, parler de relations interculturelles est une redondance: l'interculturalité implique, par définition, interaction. Il n'existe pas de cultures meilleures ou pires que d'autres. Dans certains contextes, chacune des cultures peut avoir l'impression de se trouver en situation de discrimination, mais si l'on accepte qu'il n'y a pas de hiérarchie entre elles, on reconnaît que toutes les cultures sont dignes et méritent le respect des autres, au même niveau. Cela signifie, d'autre part, que la seule manière de comprendre correctement une autre culture, c'est d'interpréter ses manifestations en accord avec ses propres critères culturels.